Corse : les grandes manœuvres autour du prix de l’essence
Réunion avec des distributeurs, propositions faites au gouvernement, manifestations des gilets jaunes, la Corse reste fortement mobilisée sur la problématique des taxes liées au prix de l’essence. Les politiques entrent dans la danse.

Comment sortir de la crise née de la hausse des taxes sur le prix du carburant ?
La problématique s’enlise et l’allocution du président de la République n’a visiblement pas rassuré. Mieux, il a même renforcé la détermination des gilets jaunes qui restent bien présents sur le terrain et qui appellent à manifester une nouvelle fois samedi. Au-delà du prix de l’essence, c’est plus largement la cherté de la vie que dénoncent les manifestants dans leurs différentes actions.
Contrôles et transparence
En Corse, le collectif « agissons contre la cherté du carburant » a été le premier à se mobiliser. Il a mené ses propres investigations, révélant ainsi les bénéfices réalisés par la société des dépôts pétroliers de la Corse ces dernières années. Ses représentants se sont aussi entretenus avec la préfète de Corse, le président du conseil exécutif de la collectivité de Corse ainsi que le président de l’assemblée de Corse. Le collectif demande que soit appliqué le décret Lurel comme cela avait été le cas lors des manifestations contre la vie chère en 2013 en Guadeloupe, Guyane et Martinique.
Le collectif demande également que des soient instaurés des contrôles sur les prix de l’essence et que les distributeurs fassent preuve de plus de transparence.
Jean-Guy Talamoni réunira le 3 décembre les membres du collectifs et les représentants de Vito. Le président de l’assemblée de Corse l’a annoncé par voie de communiqué.
De son côté, la collectivité de Corse interpelle le gouvernement. Elle lui demande solennellement de ne pas appliquer en Corse la hausse des taxes sur les prix de l’essence prévue à compter du 1er janvier 2019. Dans son communiqué, le conseil exécutif évoque la singularité de la Corse qui, peut-on lire, est déjà dans une situation d'inégalité par rapport au prix moyen du carburant. Outre le gel du prix, l'exécutif réclame aussi la mise en place d'une instance pluripartite chargée d'identifier les raisons du surcoût dans l'île.
Macron ne convainc pas
Tout un chacun attendait l’allocution du président de la république. Son discours a globalement déçu. Emmanuel Macron ne reviendra pas sur les hausses de taxes sur les carburants. Pour autant, il veut limiter l'impact de ces hausses pour les Français.
Dans son discours prononcé mardi 27 novembre sur la transition écologique, le chef de l'Etat a annoncé que la fiscalité sur les carburants pourrait être adaptée tous les trois mois aux fluctuations des prix du pétrole. Ce dispositif rappelle la "TIPP flottante" mise en place par la gauche au début des années 2000 et qui n'avait pas prouvé son efficacité.
Emmanuel Macron n’a donc pas réussi à apaiser la colère des gilets jaunes. Ils sont au contraire déterminés à poursuivre le « combat ». Ils appellent à de nouvelles manifestations samedi et à un rassemblement ce jeudi devant l’assemblée de Corse.
Des gilets jaunes qui, s’ils n’entendent pas être « récupérés » par des politiques ou des organisations syndicales, effectuent des démarches auprès de leurs élus pour faire remonter revendications et colère. Les gilets jaunes se sont ainsi invités au conseil municipal de Bonifacio pour interpeller le maire, Jean-Charles Orsucci.
Enfin, le conseil économique, social et culturel de la Corse demande à être saisi de cette problématique de la cherté de l’essence en Corse.