Déconfinement : les couples transfrontaliers dans le flou
La simple visite à son conjoint ne fait pas partie des motifs impérieux de déplacement côté français, mais elle est reconnue comme tel côté belge, y compris quand on vient de l'étranger. Les couples transfrontaliers sont face à une zone grise juridique.
Les couples qui vivent à distance espéraient que le déconfinement progressif leur permettrait de se retrouver. Si plus de 100 kilomètres les séparent, rendre visite à son conjoint n'est toujours pas considéré comme un motif impérieux de déplacement côté français.
Pierre vit à Reims, à moins de 100 kilomètres de la frontière belge, et sa compagne à Bruxelles. Ils ne se sont pas vus depuis le 17 mars. Depuis le 11 mai, il cherche à savoir s'il lui est autorisé de se rendre en Belgique. Les renseignements obtenus auprès des autorités belges et françaises se contredisent.
Zone grise
Pour traverser la frontière belge, le ministère français des Affaires étrangères liste parmi les raisons valables le travail, les mariages, les funérailles, l'aide à une personne vulnérable ou encore la garde d'enfant partagée. Pas la visite à un conjoint. Le terme « notamment » laisse toutefois planer le doute.
Côté belge, en revanche, le site d'information gouvernemental sur le coronavirus précise que "la visite d'un partenaire qui ne vit pas sous le même toit" fait partie des voyages essentiels autorisés vers la Belgique, depuis l'étranger. Contacté par nos soins, le consulat général de France en Belgique confirme et précise qu'il faut se munir "d'une preuve d'identité et/ou d'un passeport et d'une preuve plausible pour justifier le déplacement essentiel".
On y va quand même
Sur les groupes de discussions entre transfrontaliers, les couples partagent leurs retours d'expérience : "ça dépend vraiment ! En Belgique, il n'y a pas de problèmes vu que c'est légal. En France, dès fois il y a excès de zèle, dès fois il y a une compréhension absolue", relate Pierre.
REPORTAGE : On passe la frontière avec Pierre
Pierre a donc décidé de profiter de cette zone grise de la réglementation. Armé d'une attestation de déplacement internationale, d'une attestation de relation durable co-signée par les deux tourtereaux, de justificatifs de domicile, des copies d'extraits de réglementations des deux pays, et pour le retour, de son contrat de travail et de son planning, Pierre se dit serein face à un éventuel contrôle, mais emprunte tout de même les routes secondaires.
Les seuls gendarmes qu'il croisera sur son chemin sont les deux mannequins qui décorent l'ancien poste de douane de Regniowez. Pierre peut filer jusqu'à Bruxelles, l'amour n'aura pas de frontière ce week-end.