Des boîtes aux lettres Papillon pour recueillir les maux des enfants à Conches
L'association Les Papillons a installé à Conches-en-Ouche ses premières boîtes aux lettres dans le département de l'Eure. Les six boîtes ont pour but de libérer la parole des enfants victimes de maltraitance.
Sylvie Mullier n'est pas peu fière. Les premières boîtes aux lettres de son association sont opérationnelles à Conches-en-Ouche, "afin que les enfants victimes de tout type de maltraitance - harcèlement scolaire, cyberharcèlement, violences familiales, voire des violences sexuelles ou des viols - qui ont souvent des difficultés à dire leur indicible, puissent écrire un petit mot à l'association pour qu'elle leur vienne en aide" explique la référente départementale de l'association dans l'Eure. À l'initiative de la démarche, Laurent Boyet, le président de l'association, officier de police judiciaire à Perpignan, "lui-même victime de viols entre l'âge de six et neuf ans par son frère adolescent" qui n'a pu s'exprimer que trente-trois ans après les faits. À Conches-en-Ouche, six boîtes aux lettres ont été installées, aux tennis couverts, au dojo, deux à la piscine - une dans chaque vestiaire - au gymnase et à la salle Jacques-Prévert, "des endroits où les enfants vont soit par le biais scolaire, soit par le biais associatif" précise David Simonnet, maire-adjoint en charge de la vie associative et à l'urbanisme. Une évidence pour celui qui est aussi référent local de l'association "pour libérer la parole et recueillir les mots de détresse des enfants".
On y accède tout naturellement pendant les activités scolaires ou sportives - David Simonnet
REPORTAGE - Les boîtes aux lettres Papillon à Conches-en-Ouche
Titouan, 13 ans, salue l'initiative : "Je pense que c'est bien, ça permet aux élèves et aux enfants de parler, car à cause du harcèlement, ils ne peuvent pas forcément s'exprimer" avance l'élève en classe de quatrième au collège Guillaume de Conches.
Depuis la publication du livre de Camille Kouchner et le mouvement #Metooincest, "l'association connaît un virage, beaucoup de bénévoles et de référents s'inscrivent et adhèrent à l'association, parce qu'eux-mêmes sont des anciennes victimes ou ont dans leur entourage des enfants victimes de ce genre de violences" reconnaît Sylvie Mullier.
Le courrier est relevé par la police
Les boîtes aux lettres Papillon sont relevées deux fois par semaine, "les lundis et les jeudis, nous ferons le tour des six boîtes aux lettres et nous transmettons tous les messages directement à l'association" explique Sébastien Desmares, le chef de la police municipale.
À charge pour l'association, une fois informée, d'enclencher des actions, comme prévenir le directeur de l'école, l'assistant social, la direction départementale de la cohésion sociale ou la cellule de recueil des informations préoccupantes du département en cas de violences sexuelles ou de viols.
Sylvie Mullier a de nombreux interlocuteurs en fonction de la nature des faits signalés à l'association
Dans l'Eure, l'association Les Papillons compte quinze référents et vingt-deux bénévoles. Des boîtes aux lettres Papillon vont être installées dans d'autres villes de l'Eure, prochainement à Val-de-Reuil où une pré-convention est déjà signée, Bernay, Beuzeville, au Neubourg, Gaillon ou encore Saint-Sébastien-de-Morsent.