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Des cours de self-défense à Strasbourg : "J'ai déjà été agressée verbalement, je voulais pouvoir me défendre"

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Que faire si l'on marche seule dans la rue et qu'une personne nous agresse ? C'est pour répondre à cette question que les femmes peuvent se poser que l'association strasbourgeoise Allez les filles a créé un stage annuel gratuit d'auto-défense mais aussi des cours hebdomadaires à la Robertsau.

130 femmes ont participé au stage annuel de self-défense organisé par Allez les filles ce dimanche 25 novembre 2018.
130 femmes ont participé au stage annuel de self-défense organisé par Allez les filles ce dimanche 25 novembre 2018. © Radio France - Solène de Larquier

Dans le grand gymnase des droits de l'homme, plus de 130 femmes de tous âges se font des prises. Ce stage gratuit organisé par Allez les filles, c'est pour beaucoup l'occasion de s'initier pour la première fois à l'auto-défense, comme pour Murielle : "J'ai une activité professionnelle qui m'amène à travailler parfois seule dans un local ouvert au public et on a des drôles de zonzons qui viennent par là... donc je me suis déjà demandée comment réagir si ça tournait mal", explique la quinquagénaire. 

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Plusieurs professeurs de boxe passent au milieu des participantes pour les accompagner et les aider à accomplir quelques prises simples, comme se dégager si on tombe à terre sous un agresseur. 

Retraitées, salariées, étudiantes et adolescentes se mélangent

Certaines sont venues entre mère et fille ou entre amies comme Séléna, Sophie et Margaux, toutes étudiantes : "Avec tout ce qui se passe dans la rue... tout ce qu'on entend... On s'est déjà fait agresser verbalement mais pas encore physiquement et on veut se préparer si ça arrive" commence Séléna. Margaux enchaîne : "Oui, on se fait tout le temps interpeller, et pas forcément poliment. Moi je pense qu'on peut dire des choses à une fille mais souvent ils sont insistants..." avant que Séléna complète : "Ou alors quand ils marchent avec toi dans la rue alors que tu leur demandes de te laisser tranquille, j'ai déjà été suivie pendant un quart d'heure comme ça une fois alors que je lui disais non." Malgré le cours, Margaux n'est pas sûre de réussir à surpasser sa peur en cas d'agression, l'étudiante estime que le stress pourrait la paralyser. Son amie Sophie, elle, pense que l'objectif est justement de prendre mentalement le dessus : "De ne pas se dire que c'est trop tard pour agir quand ça nous arrive."

Au centre du groupe, Robert Paturel. Sur le pull de cet ancien membre du RAID, on peut lire : "boxe de rue". En trois ans, il a vu la participation au stage strasbourgeois tripler. "De plus en plus de femmes osent dire qu'elles ont été agressées. Je pense que ça crée un certain climat anxiogène et qu'elles ont envie d'apprendre à se défendre." Si la matinée permet de montrer quelques actions, l'intervenant aborde aussi beaucoup l'état de stress, l'aspect psychologique. 

"Les émotions peuvent bloquer la raison mais que l'action peut aussi annihiler une partie des émotions", Robert Paturel, professeur de boxe et ancien membre du RAID

_"Je travaille donc là-dessus, je les encourage à passer à l'action tout de suite et les rassure en disant que pour planter un doigt dans l’œil à quelqu'un, il n'y a pas besoin d'être champion du mond_e", sourit-il. L'objectif, lutter contre la paralysie en cas d'agression. 

Un nouveau cours hebdomadaire pour les femmes

Dans le fond de la salle, Yvette Palatino, elle-même professeur de boxe à Strasbourg mais aussi responsable des actions chez Allez les filles. Depuis septembre, l'association a également mis en place des cours hebdomadaires : "Pendant l'un de mes cours de boxe au Neudorf, les filles sont venues me voir. Elles m'ont confié que leurs mamans n'étaient pas très sportives et ne feraient jamais de la boxe mais elles voulaient que leurs mères puisse apprendre à se défendre", explique l'enseignante. "Petit à petit des groupes se sont créés et maintenant on a créé ce cours de self-défense, un peu pour les mamans des boxeuses en quelques sortes mais il est vraiment ouvert à toutes les femmes et il est encore possible de s'inscrire" insiste-t-elle. Un cours tous les mardis soirs de 20h à 21h15 au gymnase des droits de l'homme à la Robertsau, "Il porte bien son nom" ajoute Yvette Palatino en souriant. 

Pour celles qui seraient sur Colmar, le club Savate Bâton Défense Colmar organise également un stage réservé aux femmes le 9 décembre au matin autour d'un thème particulier : comment utiliser nos objets habituels, comme un sac ou un parapluie, pour se défendre. 

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