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Précarité menstruelle : "Est-ce que j'achète trois paquets de pâtes ou un paquet de serviettes hygiéniques ?"
Des distributeurs de protections hygiéniques gratuites ont été installés à l'université de Nîmes. L'objectif de ce projet est de lutter contre la précarité menstruelle des étudiantes. Une jeune Nîmoise, Alexandra, témoigne.

C'est une première dans les facultés d'Occitanie. Quatre distributeurs de serviettes hygiéniques et de tampons gratuits ont été installés sur plusieurs sites de l'université de Nîmes. Deux distributeurs se trouvent dans les toilettes du site de Vauban, un aux Carmes et un à Hoche. Objectif, lutter contre la précarité menstruelle chez les étudiantes nîmoises.
"Quand on n'y est pas confronté on ne s'en rend pas compte, mais c'est un type de précarité très répandu", souligne la présidente de l'association TRACE (association TRAnsfiliere Contre la précarité Étudiante), Louise Da Costa, porteuse du projet. Selon une étude menée par l'association auprès de 600 étudiantes, plus de 41% de ces jeunes femmes ont déjà eu des difficultés à se procurer des protections hygiéniques.
Mettre un gant de toilette à la place d'une serviette
La précarité menstruelle, Alexandra l'a connue au début de ses études, alors qu'elle vivait loin de sa famille, à Brest. Certains mois, faute de moyens pour acheter des protections hygiéniques, elle a dû mettre par exemple un gant à la place, ou plusieurs couches de papier toilette. Une situation difficile pourtant, à l'époque, la jeune nîmoise n'en a parlé à personne. "Même mes parents ne sont pas au courant et ils ne le sauront jamais. Je ne sais pas comment expliquer. C'est de la honte mais en même temps je n'avais pas le choix", confie la jeune femme.
"A ce moment-là on ne veut surtout pas en parler. On ne veut pas que ça se sache, même notre famille, même nos proches." - Alexandra
Doublement tabou
A raison de 10 euros par mois, les protections hygiéniques représentent un coût annuel de 120 euros, non négligeable dans le petit budget d'une étudiante. "Si je me base sur un budget de 500 euros par mois, 10 euros c'est l'équivalent de deux repas, poursuit Louise Da Costa. Ça fait une journée où tu ne peux pas forcément manger."
Sans compter le double tabou à la fois autour de la précarité et des règles, explique la présidente de l'association TRACE. "Quand on est dans la précarité, on ne s'en rend pas forcément compte et on ne veut pas souvent en parler. Et le tabou est le même pour les règles. Se rendre compte qu'on est dans cette situation (de précarité menstruelle) et arriver à en parler, ça demande un gros effort."
Les quatre distributeurs ont été financés à hauteur de 19.000 euros par l'université et le Crous.