Des panneaux provençaux retirés dans certaines communes de Vaucluse
Plusieurs communes de Vaucluse ont vu ces derniers mois leurs panneaux en provençal retirés de la voirie en entrée et sortie d'agglomération. Une décision du Conseil départemental qui dit ne faire qu'appliquer la loi.

"Si cela avait lieu en Bretagne, au Pays basque ou en Corse, ce serait déjà la révolution !" Depuis plusieurs mois, certaines communes de Vaucluse ont remarqué que leurs panneaux provençaux, placés juste en dessous du nom de la ville ou du village en français, ont été retirés. C'est le cas aux Taillades, ce village aux portes de Cavaillon dans le Luberon. Depuis trois ans, la municipalité avait fait installer des panneaux, plus petits, sur lesquels était inscrit "Li Taiado", Les Taillades en provençal.
Mais au début de l'année, la maire Nicole Girard reçoit un courrier du Conseil départemental de Vaucluse lui indiquant qu'ils vont être enlevés. "Les panneaux officiels, qui portent le nom de la ville, ne doivent avoir en-dessous plus aucun autre panneau, que ce soit "village fleuri" ou l'indication qu'il y a des caméras dans la commune", détaille l'édile.
Une loi de 1967
La collectivité explique qu'elle ne fait que mettre en pratique une loi du 24 juillet 1967 qui indique que ces panneaux délimitent officiellement la vitesse à l'entrée d'une agglomération et que doubler le siglage réduit leur visibilité. "Ces doubles panneaux pourraient-être ciblés en justice pour défendre le cas d'un excès de vitesse", explique Jean-Pierre Richard, le président du collectif Prouvènço.
Une décision qui passe mal
En pratique, cette loi n'est quasiment pas respectée. "Il se pourrait que le Vaucluse soit le premier département de France où l'on applique ce texte", peste celui qui est aussi membre du conseil académique des langues régionales. Et dans les rues des Taillades, on ne comprend pas vraiment. "Il faut faire honneur à notre région, lâche Michelle. J'ai fait du provençal, mes parents aussi, cela fait partie de notre patrimoine et il faut que ça reste comme ça."
"Une volonté profonde de nuire à la culture provençale."
Mais pour Jean-Pierre Richard, cela va plus loin que cette simple anecdote : "Il faut respecter ces choses-là. Il y a un intérêt touristique et donc économique. Parce que les gens viennent chercher quelque chose quand ils voyagent. De l'histoire, de l’authenticité, de la culture et un art de vivre sur un territoire. La langue fait partie prenante de cet art de vivre."
"Ces panneaux font partie d'une culture, d'un art de vivre recherché notamment par les touristes..."
S'appuyant sur un cas qui fait jurisprudence, la maire des Taillades a décidé de réinstaller en septembre ces panneaux provençaux exactement au même endroit. En 2012, le tribunal administratif de Montpellier avait autorisé les panneaux en occitan à Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault). Une victoire pour les défenseurs des langues régionales.

