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"On devient maltraitant contre notre gré" : les salariés des EHPAD se mobilisent contre le manque de moyens

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Les personnels des maisons de retraite manifestent aux quatre coins de la France, ce mardi, pour dénoncer le manque de personnel qui impacte les conditions de vie des résidents : témoignages de soignants et tour d'horizon des mobilisations prévues dans l'Hexagone.

Les personnels déplorent n'être plus assez nombreux pour s'occuper correctement des patients
Les personnels déplorent n'être plus assez nombreux pour s'occuper correctement des patients © Maxppp -

L'appel à la grève lancé dans tous les EHPAD de France, ainsi que dans les services de soins et d'aides à domicile, est bien suivi ce mardi. Une intersyndicale (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC et CFE-CGC) réclame plus de moyens, plus de personnels, pour de meilleures conditions de travail et un meilleur respect du patient. "On a choisi les métiers du soin pour faire du bien, explique par exemple une représentante CGT d'un Ehpad des Bouches du Rhône. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas".

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Concrètement, ce manque de personnel signifie que les soignants n'ont plus le temps de s'occuper correctement des patients, comme le raconte Patrick, aide-soignant à Aix-en-Provence : "Quand vous arrivez à bien donner à manger à un résident, _le quarantième va manger froid"__. "Je vous lève, je vous lave et il faut manger vite. On en devient maltraitant, et on a beau alerter, ça ne bouge pas,_ renchérit une salariée mayennaise, des larmes dans la voix. On ne peut pas laisser des personnes âgées finir leurs jours dans des conditions comme ça ! Vous n'aimeriez pas qu'on vous le fasse, n'acceptez-pas qu'on le fasse aux autres."

Le quotidien dans un EHPAD raconté par une aide-soigante mayennaise

Un quotidien décrit aussi par Emilie, infirmière dans une unité de soin de longue durée au sein des hôpitaux universitaires de Strasbourg. Elle doit veiller la nuit sur une centaine de patients dépendants : "Nos valeurs de bien-traitance, de bienveillance, de respect de la personne sont vraiment mises à mal." Les aides-soignantes disposent d'une demi-heure pour laver et habiller les patients, qui ne reçoivent qu'une douche par mois. 

"Faire à la place" au lieu d'accompagner

Autre conséquence de ce manque de temps, les soignants racontent qu'ils finissent par "faire à la place" des patients au lieu de les accompagner, comme le décrit Nicole, aide-soignante à Argenton-sur-Creuse : "Aujourd'hui, on se dépêche, on fait la toilette à leur place, on "grabatérise" les résidents". Elle aussi parle d'une "bientraitance" qui disparaît, malgré les efforts des soignants. Plus de temps non plus pour discuter, regrette Sylvain, représentant CGT à Balvilliers, dans le Nord Franche-Comté : "Dans le temps on s'arrêtait, on avait du social, on parlait de leur vie. Aujourd'hui ça devient très difficile."

"Aujourd'hui, on se dépêche pour tout, on grabatérise les résidents" - Nicole, aide-soignante

Catherine, aide-soignante en Sud-Gironde , est allée jusqu'à s'en rendre malade, elle est aujourd'hui en arrêt pour "burn-out" : "Les derniers jours avant que je m'arrête, au lieu d'être douze, nous étions six (...) Nous, on pense à l'humain. La rentabilité, ce n'est pas notre problème, et ce n'est surtout pas le problème des résidents, qui souvent ne finissent pas leurs jours dans les conditions dans lesquelles ils auraient aimé les finir. Cela s'appelle de la maltraitance institutionnelle."

Catherine, aide-soignante en Ehpad, explique pourquoi elle a fait un burn-out

Une aide-soignante périgourdine , quant à elle, a décidé d'écrire une chanson où elle dénonce un travail devenu "inhumain" et "mécanique". "Je voudrais vous raconter mon métier, ce beau métier", voilà les premiers mots du morceau.

Grève dans les Ehpad : cette aide-soignante de Dordogne a composé une chanson

Les mobilisations ce mardi

  • A Paris, le rassemblement à 14h devant le ministère de la Santé a rassemblé plusieurs centaines de personnes. Une délégation devait être reçue par le ministère.
  • A Bordeaux , une manifestation a eu lieu, toujours à 14h, devant le Conseil départemental.
  • A Marseille, la manifestation a rassemblé entre 100 et 200 personnes devant la préfecture à 10h.
  • A Toulouse, le rassemblement a eu lieu à 14h, devant le Conseil départemental de Haute-Garonne.
  • A Strasbourg, près de 500 personnes étaient au rendez-vous donné à 10h place Kléber.
  • Dans la Drôme  et en Ardèche , plusieurs actions ont été organisées devant les EHPAD et les hôpitaux. A Privas, 300 manifestants se sont réunis.
  • A Châteauroux, la mobilisation a rassemblé environ 250 personnes.
  • A Belfort , le personnel des Ehpad s'est donné rendez-vous place Corbis à 14h
  • Dans les Landes, un rassemblement a été organisé à 13H45 devant l'Ephad de Capbreton.
  • Dans l'Yonne, un rassemblement a eu lieu à 15 heures, place de la préfecture, à Auxerre.
  • A Limoges, un rassemblement de 200 à 300 personnes s'est déroulé devant la préfecture à 10h30 et devant l'Agence Régionale de Santé à 13h30. 
  • En Corrèze, à Tulle, une délégationa été reçue en préfecture à 11h. Un rassemblement a également eu lieu devant la cathédrale entre 10h et 16h. 
  • Dans la Loire, des débrayages étaient prévus dans les Ehpad entre 10h30 et 11h. Rassemblements devant les Agences Régionales de Santé (ARS) de Saint-Etienne et du Puy-en-Velay à 15 et 16 heures.
  • A Avignon, une manifestation a eu lieu a 10h devant la Cité administrative.
  • A Metz, un rassemblement a été organisé à 14h30 devant le Conseil départemental.
  • A Nice, le syndicat FO appelait à un grand rassemblement à 10h30 devant le palais de justice.
  • Dans la Marne et les Ardennes, plusieurs EHPAD sont également touchés par la mobilisation, à Reims, Châlons-en-Champagne ou encore Charleville-Mézières.
  • A Clermont-Ferrand, ils étaient entre 600 et 700 à manifester ce mardi.
  • Dans la Creuse, une cinquantaine de personnes a débrayé à l'EHPAD de Fursac , dans l'ouest du département.
  • En Dordogne, pas moins de 22 rassemblements étaient organisés ce mardi, comme au Bugue, à Sarlat ou au centre hospitalier de Périgueux.
  • A Tours, ils étaient un millier dans les rues ce mardi matin.
© Visactu -

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