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Un ex-interprète afghan pour l'armée française en difficulté près de Caen
Mirzai Allah Mohammad a été interprète pour l'armée française en Afghanistan de 2007 à 2012. Un engagement qui l'a mis en danger dans son pays. Installé dans l'agglomération caennaise avec sa famille, il a récemment appris qu'il devra quitter son appartement pour un centre d'hébergement.

Mirzai Allah Mohammad vit dans un appartement presque vide mais spacieux à Colombelles, près de Caen. Cet ancien interprète pour l'armée française en Afghanistan y est installé avec sa femme et ses deux enfants (1 et 4 ans). Mais ils ont récemment appris qu’ils devront le quitter pour aller dans un centre d’hébergement. Mirzai Allah Mohammad s'inquiète des conditions sanitaires là-bas, notamment en raison de la circulation toujours active du Covid-19.
Pendant le confinement, même si la famille était logée, ils ont rencontré des difficultés pour manger. "Il n’avait pas grand-chose pour nourrir ses enfants et lui-même", explique le journaliste Quentin Müller, auteur d’un livre sur les interprètes afghans. Il explique que son allocation de demandeur d'asile ne lui a pas été versée jusqu'à la fin du mois de mai. Il a donc dû emprunter de l'argent à un ami.
Menacé dans son pays
Entre 2007 et 2012, Mirzai Allah Mohammad travaille aux côtés des armées française et afghane en tant qu'interprète anglophone. "Nous participions aux missions, aux patrouilles. Je travaillais dans des zones dangereuses, en première ligne" détaille-t-il. Une activité mal vue dans son pays et qui l'a souvent exposé à des menaces de représailles, comme un soir où deux hommes sont venus rôder autour de sa maison.
Si une personne travaille avec des forces étrangères, il n’a pas une belle vie. Si les ennemis la trouvent, ils la tuent.
Ces menaces poussent de nombreux interprètes à demander l'asile en France. "Est-ce que ces menaces émanent des talibans ? Personne ne sait, mais elles émanent de personnes qui leur en veulent, donc il faut les sortir de là, insiste Quentin Müller. Et pour ceux qui arrivent à obtenir une décision favorable du Conseil d'Etat, une autre vie les attend : la misère."
Environ 280 interprètes afghans parmi les 800 employés par la France ont été rapatriés depuis le retrait des forces armées tricolores en 2012 et une centaine attend toujours de pouvoir venir en France. Si les interprètes rapatriés en France jusqu’en mai 2019 bénéficiaient d’une aide logistique, financière et sociale, ce n’est plus le cas aujourd'hui. Désormais, "ils arrivent à l'aéroport et s'ils n'ont pas de connaissances sur place, ils sont totalement livrés à eux même", s'insurge le journaliste.
Un visa pour la France
Mirzai Allah Mohammad a débuté ses démarches pour venir en France dès 2013, après le retrait de l'armée française d'Afghanistan à la fin de l’année 2012. Il obtient un visa en 2019, mais celui-ci est envoyé au Pakistan, pays voisin. L'ex-interprète ne peut pas s'y rendre : "la route pour y aller était trop dangereuse pour moi".
Après sept années de procédure, il obtient un visa sur décision du Conseil d'Etat et arrive en France en février 2020. Mais à son arrivée en France avec sa famille, il doit se débrouiller pour faire les démarches administratives et se loger. D'abord hébergé chez un ami, lui aussi interprète, il doit vite trouver une autre solution. Juste avant le confinement, ils sont hébergés dans un appartement d'urgence où ils sont toujours actuellement.
Le maire de Colombelles attentif à la situation de la famille
Le maire de Colombelles, Marc Pottier, a appris cette histoire dans la presse. Il a rencontré Mirzai Allah Mohammad ce lundi pour réfléchir à des solutions pour l'aider et faciliter son intégration. "Dans les documents qu'il m'a montrés, il y avait des témoignages de satisfaction de l'armée française qui attestaient qu'il avait servi avec rigueur, courage et sens du devoir. Une commune, et en l'espèce la mienne parce que c'est dans sa tradition, dans sa culture, se doit d'aider, d'accompagner, d'accueillir celles et ceux qui ont fait pour notre pays, notre nation." Première certitude, l’aînée est inscrit dans une école de la ville.
Le ressortissant afghan espère maintenant voir ses problèmes se régler rapidement pour pouvoir se tourner vers l'avenir. Il a beaucoup d'espoir pour ses enfants qu'il souhaite voir devenir médecins. "Nous avons besoin de médecins. Quand nous sommes arrivés, la crise du coronavirus commençait. Je me suis dis : 'mes enfants doivent devenir médecins', parce qu'ils doivent aider l'humanité", s'enthousiasme-t-il.
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