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Discrimination à l'embauche : des centaines de personnes témoignent

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Le défenseur des droits, Jacques Toubon, a présenté lundi les résultats de l’appel à témoignages sur les discriminations liées à l’origine pour l’accès à l’emploi. Des centaines de personnes ont témoigné. Cette étude montre que le nom, la couleur de peau et la religion sont des freins à l’embauche.

La couleur de peau est un frein à l'embauche
La couleur de peau est un frein à l'embauche © Maxppp - Guillaume BONNEFONT

Si vous avez un nom à consonance étrangère, si vous êtes noir ou encore si le recruteur suppose que vous êtes de religion musulmane, vous risquez de ne pas être embauché. Les résultats de l’appel à témoignages* mené au printemps 2016 et présenté par le défenseur des droits, Jacques Toubon, montre que la discrimination à l’embauche est une réalité.les enquêteurs ont recueilli des centaines de témoignage de victime de discrimination à l'embauche.

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Au début je ne croyais pas au racisme…Aujourd’hui je me rends compte que les gens sont plein d’à priori : homme, 32 ans, demandeur d’emploi

Près de 758 personnes ont répondu à cet appel à témoignages. La majorité a subi une discrimination liée à leur origine alors qu’elles cherchaient un emploi ou un stage. Un tiers assure avoir été discriminé sur au moins trois motifs liés à leur origine. Et pourtant le niveau de qualification de ces personnes est élevé. Un tiers possède un diplôme de premier cycle, un autre tiers est diplômé du deuxième ou troisième cycle.

J’étais la première de ma classe… durant mes stages mes tuteurs m’ont tous recommandée… aujourd’hui j’ai beaucoup de mal à trouver un emploi… il est clair que ni mon nom qui sonne très étranger ni ma couleur de peau m’aident : femme, 25 ans, demandeur d’emploi

- Défenseur des droits

Les prénoms et nom de famille sont cités comme le deuxième critère le plus discriminant. Après un refus certains candidats font leur propre "testing" et renvoie leur CV avec un nom d’origine française. Si la réponse est différente, cela renforce leur conviction d’avoir été discriminé. Une jeune femme de 24 ans qui cherchait un emploi de comptable témoigne. Elle trouve une offre qui correspond exactement à son profil. Elle postule. La réponse est immédiate et négative. Comme elle est étonnée par ce refus, elle repostule en changeant son nom et son prénom. Et là, elle reçoit rapidement un appel téléphonique.

Les personnes qui disent avoir été vues comme arabe indiquent avoir constaté des préjugés attachés à leur supposée religion musulmane.

On m’a comparé à un terroriste durant l’entretien d’embauche… j’ai eu mon entretien dans le placard à balais du stand…On a mis en doute la réalité de mon expérience professionnelle du fait de mes origines : homme 34 ans, salarié

"J’ai proposé ma candidature à un poste de technicien bac +2 exigé alors que mon niveau est bac +5", raconte un homme de 37 ans demandeur d’emploi. Au cours de l’entretien le chef d’entreprise qui recrute ne parle ni de ses compétences ni de son expérience. "Mon interlocuteur ne m’a parlé que de terrorisme et des attentats de Paris. A la fin de notre discussion il m’a dit qu’il faut parler l’allemand alors que rien n’est mentionné sur l’annonce concernant l’allemand".

"Au lendemain des attentats de novembre, témoigne un homme de 41 ans demandeur d’emploi, le patron m’a dit qu’il voulait travailler avec des Français et m’a licencié. Pour info, ajoute cet homme, je suis Français".

Les personnes noires déclarent que c’est la couleur de leur peau qui pousse les recruteurs à les refuser.

C’est au cours de l’entretien (43%) ou dès le premier contact (40%) avec le recruteur qu’a lieu le rejet d’une candidature pour cause de discrimination.

- Défenseur des droits

Au premier entretien, on m’a demandé si j’avais l’habitude d’écrire en français (je suis élève-avocat) : homme, 31 ans, en recherche de stage

Même si elles se rendent compte qu’elles ont été victimes de discrimination, peu de personnes ont recours à la justice et portent plainte. En revanche beaucoup (51%) en parlent à leurs amis, à leurs connaissances.

Une personne sur dix, qui a participé à l’étude, indique avoir engagé des démarches pour faire reconnaitre ses droits. Face à ces discriminations, pour ces personnes dont 80% ont la nationalité française, c’est le désarroi qui domine. Certaines restent fatalistes, d’autres renoncent ou cherchent un emploi bien en-dessous de ses compétences ou encore envisagent de s’expatrier.

- Défenseur des droits

Je travaille dans l’informatique bancaire, j’ai 27 ans, un bac +5, je parle 4 langues couramment, j’ai de l’expérience mais toujours pas de CDI… Actuellement je pense à changer de pays et monter ma boite à l’étranger : femme, demandeur d’emploi

- Défenseur des droits

Pour le défenseur des droits, "ces réactions qui illustrent les impasses que le système actuel produit, rappellent l’urgence à mener des politiques publiques fortes pour lutter contre ces discriminations".

*Échantillon de 758 personnes, âgées de 18 à 65 ans, ayant répondu à un questionnaire autoadministré en ligne entre le 21 mars et le 21 juin 2016 et déclarant avoir été discriminées à raison de leurs origines au cours d’une recherche d’emploi ou de stage au cours des 5 dernières années.

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