"En France si vous avez un accent vous ne pouvez pas accéder à certains postes" (Philippe Blanchet, linguiste)
La commission des lois de l'Assemblée nationale examine ce mercredi une proposition de loi visant à interdire la discrimination liée à l'accent, la glottophobie. Aujourd'hui les accents, notamment celui du sud, sont souvent moqués et parfois sont un frein à l'emploi.
Pour Philippe Blanchet, marseillais d’origine, linguiste français, spécialiste de sociolinguistique la discrimination liée à l'accent est réelle aujourd'hui en France. C'est la glottophobie, c'est même lui qui a inventé le terme : le fait de traiter quelqu'un différemment au prétexte de la langue que cette personne parle. La proposition de loi du député de l'Hérault LREM Christophe Euzet veut promouvoir la "France des accents" et punir cette discrimination lorsque par exemple il est explicitement dit à quelqu'un qui ne peut pas accéder à un poste à cause de son accent.
"Il y a des connotations fréquentes sur les accents méridionaux, à la fois positives parce que ça rend sympathique mais aussi négatives parce que ça ne fait pas "sérieux". Et encore dans le sud-est on a de la chance parce que dans certaines régions les accents n'attirent même pas la sympathie." - Philippe Blanchet
Le côté "sérieux" donc remis en cause à cause de l'accent et la personnalité aussi souvent moquée. Plusieurs enquêtes ont montré qu'au moins un quart des gens qui ont un accent disent qu'on s'est moqué d'eux plusieurs fois au cours de leur vie.
Et parmi ceux qui ont subi des moqueries dernièrement, il y a notamment Jean Castex, le Premier ministre qui parle avec un accent du sud-ouest. Mais il peut être aussi le contre exemple que l'on peut réussir avec un accent, accéder à des postes élevés, c'est le cas aussi de Jean-Claude Gaudin, l'ancien maire de Marseille.
"Ces exemples là on les compte sur les doigts de la main. Parce que la règle en France c'est que si vous avez un accent vous ne pouvez pas accéder à certains postes à certains métiers. C'est typiquement une forme de discrimination. C'est imbécile, c'est injuste, c'est arbitraire."
Mais comment prouver cette discrimination ? Pour Philippe Blanchet ce n'est même pas un problème puisque les employeurs ne s'en cachent même pas : "dans toutes les enquêtes que j'ai pu faire, les gens rapportent qu'on leur a dit "avec l'accent que vous avez il n'est pas question que je vous embauche", et les employeurs souvent déclarent que c'est un critère d'embauche.