EN IMAGES - 80e anniversaire des fusillés de Châteaubriant : que s'est-il passé le 22 octobre 1941 ?

C'était il y a tout juste 80 ans. Le 22 octobre 1941, en pleine Seconde Guerre mondiale, 27 hommes sont fusillés au lieu-dit La Sablière, à Châteaubriant. Une exécution décidée par l'armée allemande suite à l'attentat contre un lieutenant nazi. France Bleu revient sur cette exécution qui a marqué tout un territoire et la France entière.

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Fusillés après un attentat contre un colonel allemand

Nous sommes en octobre 1941. Des groupes armés mènent des opérations à Bordeaux, Nantes et Rouen. Le 19 octobre, un sabotage entraîne le déraillement d'un train entre Rouen et Le Havre. Le lendemain, un officier allemand, le lieutenant-colonel Holtz, est abattu à Nantes par de jeunes résistants communistes. Dans le camp de prisonniers de Choisel à Châteaubriant, constitué de détenus politiques, un général allemand annonce que 50 otages seront fusillés, "en expiation du crime" commis. 50 autres subiront le même sort si les coupables ne sont pas arrêtés. Une récompense de 15 millions de francs est offerte à toute personne qui dénoncerait les auteurs de l'attentat.

Le régime de Vichy aurait alors fourni une partie de la liste, majoritairement des militants communistes arrêtés bien avant cet épisode. En début d'après-midi, le 22 octobre, des soldats allemands regroupent 27 otages dans une des baraques du camp de Choisel. Ils peuvent y écrire une dernière lettre, avant d'être emmenés par groupes de neuf à la carrière de la Sablière. Tous refusent d'avoir les yeux bandés et les mains liées. Ils chanteront jusqu'à leur dernier souffle la Marseillaise. L'exécution se déroule en trois salves, à 15h50, 16h et 16h10.

Parmi ces hommes : Guy Môquet, 17 ans

Dans le même temps, 16 otages sont exécutés à Nantes, au champ de tir du Bèle, et cinq autres sont fusillés au Mont Valérien, en région parisienne. Les corps des 27 otages de Châteaubriant sont ensuite dispersés dans neuf cimetières des alentours. Malgré l'interdiction, des habitants viennent déposer des fleurs à l'endroit où étaient installés les neuf poteaux d'exécution. 

Parmi ces fusillés figurait Guy Môquet, 17 ans, étudiant parisien et militant communiste. Mais aussi Marc Bourhis, instituteur, Jean Grandel, maire de Gennevilliers ou encore Pierre Guéguin, maire de Concarneau et conseiller général du Finistère. 

Un tournant dans la Résistance

Le soir du 22 octobre, le Maréchal Pétain prononce un discours, il ne condamne pas ces événements mais dénonce plutôt les auteurs d'attentats contre les Allemands. L'exécution des 27 de Châteaubriant bouleverse en revanche la France entière et indigne bien au-delà de nos frontières, de Churchill à Roosevelt, en passant par le général de Gaulle.

Le 24 octobre, 50 autres otages sont eux aussi fusillés à Souges, près de Bordeaux, suite à un nouvel attentat contre un conseiller militaire nazi. Finalement, les Allemands renoncent à leur menace et n'organisent pas de nouvelles exécutions, l'appel à la dénonciation n'ayant pas fonctionné. L'épisode de Châteaubriant n'aura pas servi d'exemple, mais a entraîné une vague de colère, jouant un rôle important dans la mobilisation des Français contre l'occupant. 

Un lieu de souvenir

La carrière de Châteaubriant est devenue un lieu de souvenir chargé d'émotion . Les premières commémorations ont lieu dès 1944. Un monument situé sur le lieu de l'exécution est inauguré en octobre 1950, inscrit au titre des Monuments Historiques. Le parcours mémoriel est complété par une série de 27 stèles, portraits de ces hommes morts pour la France.