Grève chez les pompiers du Nord, qui ne veulent plus mettre leur "cape de super-héros"
La trêve aura été de courte durée. Quatre mois et demi après la suspension de leur mouvement, les pompiers du Nord se sont remis en grève. 200 personnes ont participé à une assemblée générale à la caserne Bouvines de Lille ce jeudi. Ils dénoncent le manque d'effectifs et le mal-être au travail.
On les croit invincibles et pourtant ils vont mal. Les pompiers du Nord ont décidé ce jeudi de se remettre en grève, quatre mois et demi après avoir suspendu leur mouvement.
Réunis en assemblée générale à la caserne Bouvines, à Lille, 200 d'entre eux ont voté pour la reprise d'une grève qui ne perturbe pas les activités de secours. Mais vous allez recommencer à croiser des camions rouges avec des inscriptions revendicatives.
Sondage sur le mal-être au travail
Quatre syndicats participent au mouvement, et dénoncent un mal-être : ils ont réalisé un sondage auprès de leurs 2000 collègues sapeurs pompiers professionnels. 600 ont répondu, et parmi eux, 75% disent ressentir un mal être au travail, près de 80% affirment ne pas être soutenus par leur hiérarchie. Seuls 10% bénéficieraient d'un suivi médical.
Omerta
Car ce mal-être est tabou selon Quentin de Veylder, secrétaire général de la CGT chez les pompiers du Nord : "on est dans une omerta ! Cache-toi derrière ton uniforme, mets ta cape de super-héros, t'as pas le droit d'avoir mal, t'as même pas le droit de réfléchir".
ECOUTEZ : Quentin de Veylder, secrétaire général de la CGT du SDIS 59
L'objectif de se sondage, c'est aussi d'inciter les pompiers à "fendre l'armure". Yaël Lecras représente les officiers pour le Syndicat national des sapeurs pompiers professionnels (SNSPP), et constate "une prise de conscience. On a besoin du soutien de notre direction, mais pour l'instant on ne le trouve pas".
Nous sommes prêts à progresser collectivement
Au contraire, répond le service départemental d'incendie et de secours du Nord, la direction a non seulement conscience de ces problèmes, mais elle agit. "Nous avons créé un groupement de prévention santé sécurité qualité de vie au travail", explique Didier Durand, directeur adjoint du SDIS 59, "avec des médecins du travail et des psychologues. 37 actions sont en cours, ou ont été menées. Nous allons travailler avec les partenaires sociaux qui ont réalisé ce sondage pour l'objectiver. Personne ne serait gagnant à ce qu'il y ait une omerta. Nous sommes prêts à progresser collectivement".
ECOUTEZ : Didier Durand, directeur adjoint du SDIS 59
Cas de suicides
Dans ce sondage, 4% affirment même avoir des idées suicidaires. Jusqu'au passage à l'acte comme à Tourcoing en avril 2021. Benjamin Calvario, responsable CGT du CHSCT, a perdu un collègue : "on a signalé son mal-être à l'administration, elle s'est réveillée trois semaine après, alors qu'il avait déjà fait une tentative de suicide. Jamais dans ma vie je n'aurais pensé porter le cercueil d'un collègue. Ce sont des choses qu'on ne voyait pas avant".
ECOUTEZ : rencontre avec des pompiers du Nord
Plus d'un pompier interrogé sur deux a déjà songé à quitter la profession.