"Les endeuillés sont restés confinés dans leur tête", témoigne l'association Vivre son Deuil Montpellier
Depuis la fin du mois de septembre 2020, Vivre son Deuil Montpellier reçoit de nombreux coups de fil. L'association remarque que les endeuillés souffrent des restrictions liées au premier confinement.
À cause des restrictions imposées par le confinement du printemps, de nombreux endeuillés n'ont pas pu accompagner leurs proches à l'hôpital ou se rendre à leur enterrement. Depuis la fin du mois de septembre 2020, l'association Vivre son Deuil Montpellier est sollicitée par des Héraultais qui ont perdu un proche depuis le début de l'épidémie de coronavirus.
"On m'enlève la chair de ma chair et, avec le confinement, on m'enlève mon équilibre social." - Jean-Paul, un Montpelliérain de 59 ans.
Jean-Paul a enterré sa fille de 29 ans, décédée d'un cancer, la veille du confinement. "C'était très difficile, raconte le Montpelliérain, les yeux humides. Vous perdez votre enfant le 16 mars et le 17, on repose le couvercle sur la marmite." Le papa de 59 ans passe ses journées devant la télévision.
"Ça peut paraître anodin, mais ce qui m'a beaucoup fait souffrir, c'est que je ne pouvais pas me rendre dans mon café, explique l'Héraultais. C'est mon rituel depuis une trentaine d'années : lire le journal entre 10h30 et 12h et voir mes copains. Et on me l'a enlevé."
Le quinquagénaire s'est tourné vers Vivre son Deuil Montpellier. L'association, créée il y a trois ans, accompagne les endeuillés. Avec l'arrivée de l'épidémie de coronavirus, les bénévoles remarquent que les souffrances ont évolué.
"Les gens sont restés avec des images difficiles au lieu de les partager. Ils sont restés confinés dans leur tête aussi." - Catherine Favre, présidente de l'association Vivre son Deuil Montpellier.
"Voir les pompiers arriver masqués et en combinaison, je pense que ça transmet, malgré eux, l'idée que la mort n'est pas naturelle, qu'elle est même sale et qu'il faut s'en débarrasser." - Corine, membre de l'association Vivre son Deuil Montpellier.
Corine a échangé avec une dame qui vient de perdre sa mère d'une crise cardiaque. "Elle me racontait qu'elle avait été très choquée de voir les pompiers masqués et en combinaison, relate la quinquagénaire. Elle a été marquée par ces images. Elle avait ressenti beaucoup de violence."
Les endeuillés ont commencé à prendre contact avec l'association à la fin du mois de septembre. "Paradoxalement, on a eu très peu de coups de fil pendant le confinement, note Catherine Favre, présidente de l'association. C'est seulement depuis la fin du mois de septembre qu'on a été sollicité. Je pense que les gens étaient sous le choc. C'est comme s'ils n'avaient même pas pu commencer leur deuil."
La double peine des personnes qui ont perdu un proche pendant le premier confinement.