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"Ils ne nous donnent pas le choix" : ces mamans lesbiennes ont bravé la loi pour avoir un enfant

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Alors que le projet de Loi bioéthique qui doit ouvrir la procréation médicalement assistée à toutes les femmes s'apprête à arriver à l'Assemblée nationale, des mamans lesbiennes de Montpellier (Hérault) racontent leur parcours de PMA, entre galères et illégalité.

Illustration. A l'approche de l'étude de l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, des mamans lesbiennes racontent leur parcours pour avoir un enfant
Illustration. A l'approche de l'étude de l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, des mamans lesbiennes racontent leur parcours pour avoir un enfant © Maxppp - Marlène Awaad

"On avait l'impression d'être des sous-citoyennes", lâche, amère, Aurélie. Avec sa compagne, elle élève deux petites filles de 2 et 8 ans, nées par procréation médicalement assistée (PMA) au Pays-Bas. Pendant plusieurs mois, leur vie quotidienne a été rythmée par des allers-retours entre Montpellier et Amsterdam : 1.200 kilomètres pour rejoindre la clinique où ont eu lieu les inséminations. "À Montpellier, on habite à 15 minutes de l'hôpital qui pratique des PMA pour toutes les autres femmes... sauf qu'elles, elles ne sont pas lesbiennes", dénonce Aurélie. 

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Des "inséminations maison"

Le projet de loi sur la bioéthique discuté à partir du mardi 24 septembre à l'Assemblée aurait pu leur changer la vie. Le texte prévoit en effet d'ouvrir l'acte médical à toutes les femmes, célibataires ou en couples, mais aussi, dans le cas des couples de lesbiennes, de reconnaître la filiation des deux mères dès la naissance de l'enfant, sans passer par l'adoption. 

Quelques années avant Aurélie, Marina a elle opté pour la méthode artisanale. C'est elle qui a inséminé sa compagne avec le sperme d'un ami, avec qui elles élèvent leur fils. Une pratique interdite et considérée comme dangereuse , passible de deux ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende

"Nous ne sommes pas médecins, nous ne sommes pas biologistes ou gynéco...mais on ne nous donne pas le choix !, se défend Marine. C'était interdit pour les gynécologues de nous aider. Ça l'est toujours. Si c'était à refaire, moi, je le referais demain."

La filiation dès la naissance

Après l'entrée en vigueur du mariage pour tous, en 2013, Aurélie et Sophie se sont mariées pour que Sophie puisse adopter leur fille -alors âgée de 2 ans- seule manière pour Sophie d'être reconnue comme mère. Le début d'un long parcours pour être reconnues comme une famille par la loi. 

"On a une collection de livrets de famille , s'amuse le couple. Sur le premier,  figure juste Aurélie, la mère biologique, et notre première fille, Camille. Sur le second, que nous avons reçu à notre mariage, nous ne sommes que toutes les deux, Camille disparaît. Après l'adoption, nous en avons reçu un troisième, sur lequel figure notre fille et nous deux. Mais quand notre seconde fille est née, Aurélie, qui l'a portée, en a reçu un quatrième, où ne figure que notre seconde fille et elle. Le cinquième a été le bon", raconte Sophie.

Après chaque naissance, pendant plusieurs mois, Sophie n'avait aucun droit sur ses enfants, le temps que la procédure d'adoption aboutisse. 

Pour certaines femmes, cette situation peut virer au drame quand le couple se déchire : Véronique n'a pas pu adopter son enfant, né avant le mariage pour tous. Après leur séparation, son ex-compagne l'a empêchée de voir leur fille durant plusieurs mois. 

"Je ne savais même pas où habitait ma fille, raconte-t-elle. Du jour au lendemain je n'avais plus le droit de rentrer à l'école, de la voir, je l'avais juste de temps en temps au téléphone. Je suis passée tout de suite en justice pour pouvoir voir ma fille, sinon aujourd'hui je ne la verrais plus, regrette-t-elle. C'est dur, je n'ai aucun pouvoir de décision sur mon enfant". 

Aujourd'hui, Véronique peut voir sa fille un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires, car elle est considérée comme "tiers de confiance" aux yeux de la loi. Elle, continue de se battre pour un jour être reconnue comme sa mère. 

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