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"Je n'ai pas pu la laisser dans la rue" : ces familles de la Loire qui hébergent des migrants
Après les expulsions de la Bourse du travail de Saint-Étienne puis de l'université, France Bleu Saint-Étienne Loire est allé à la rencontre des citoyens qui abritent chez eux des migrants pour pallier le manque d'hébergements publics.

Depuis bientôt un mois, Lana* a posé son sac à dos chez Sylvie et ses amis, à Saint-Étienne. Pour la jeune femme, qui a fui la répression politique au Soudan et un mari violent, c'est la fin de quatre mois d'errance entre la rue et les hébergements d'urgence. "Leur dire merci ce n'est pas suffisant", souffle-t-elle. "Tous les jours depuis que je suis arrivée en France je dormais dans des lits différents, dans des endroits différents, même à la gare et à l'hôpital une nuit. Ce n'était pas facile. Je suis une femme, je suis seule ici. La nuit dans la rue c'est très compliqué. Mais maintenant ça va mieux. Je peux dormir dans une maison, je n'ai pas mon sac en permanence avec moi", lâche-t-elle, émue.
Si je n'avais pas rencontré ces gens, je ne sais pas où j'en serais"
Lana a demandé l'asile en France il y a plusieurs mois. Elle aurait pu être logée dans un Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) le temps que son dossier soit étudié. Mais dans la Loire, le nombre de places est insuffisant et les familles sont logées en priorité. Ils sont nombreux, comme elle, à devoir trouver un hébergement par leurs propres moyens.
Une situation intolérable pour Sylvie*, qui lui donnait bénévolement des cours de français. "Quand on m'a dit « ce soir elle n'a nulle part où dormir »....il faisait très froid...je me suis dit « Nan, là je ne peux pas ! » Je ne pouvais pas la laisser, ce n'était pas possible", détaille la commerciale. "Et à partir de ce moment-là je n'ai eu qu'une idée en tête : trouver quelque chose, une solution". Sylvie contacte alors des connaissances. Ensemble, ils décident d'héberger Lana à plusieurs, par roulement, pour éviter tout problème avec la justice. "On a fait un planning au mois, et chacun met une croix là où il peut la prendre. Une nuit, deux nuits, trois nuits, quatre nuits...on essaie d'allonger les durées, qu'elle puisse se poser. Je l'ai prise la première, ensuite elle est allée chez quelqu'un d'autre". Au total, une dizaine de personnes se sont engagées.
Ils dénoncent un abandon des pouvoirs publics
"__Ce n'est pas aux citoyens de prendre en charge la responsabilité de l'État", déplore Emilie*, une professeure d'art stéphanoise. Pendant deux ans, avec sa famille, elle a hébergé chez elle un jeune réfugié de République Démocratique du Congo. "Il y a une vraie hypocrisie de la part de l'État, c'est une question de volonté politique d'aider les migrants. Nous on est là, on s'épuise...les personnes elles ont un boulot, un travail, des enfants, elles ont leurs propres problèmes à gérer. On n'a pas les compétences requises, tout simplement. On a celle de l'humanité, mais c'est tout quoi."
Je veux que ces gens sachent que malgré tout, il y a quand même des gens en France pour qui ça compte d'aider les autres"
Sylvie aussi a la sensation de colmater des brèches. "Ce n'était pas à moi de l'héberger, mais on ne peut pas laisser un humain dans la rue. C'est à l'État de faire en sorte d'avoir des structures d'accueil plus importantes. C'est ahurissant ! Savoir que nous on va dormir dans un lit le soir et que eux vont dormir sur un trottoir, dans une allée...c'est aberrant, c'est quelque chose d'inimaginable à notre époque".
Plusieurs associations comme la Cimade ou la Ligue des Droits de l'Homme demandent également l'ouverture de nouvelles places en hébergement, actuellement insuffisantes. Il y a quelques jours, la France a d'ailleurs été épinglée par l'ONU , qui l'accuse de violation du droit au logement pour les personnes sans-abri, notamment pour cette raison.
*Les prénoms ont été changés
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