Journée mondiale de l’autisme : "Il faut mieux informer pour qu’on ne soit pas obligé de se cacher"
Dans le cadre de la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme ce 2 avril, Estelle* a choisi de témoigner. Cette mère de famille âgée de 44 ans vit en Haute-Savoie. Elle a accepté de raconter son quotidien tout en espérant que les regards sur ce handicap évoluent enfin.

Estelle* a accepté de parler à deux conditions : qu’on ne puisse pas la reconnaître et qu’on ne dévoile pas son travail. Elle exerce un métier sensible et "mes collègues ne savent pas que je suis autiste".
"Aujourd’hui, cela va mieux. Je sais pourquoi je vis dans mon monde, dans ma bulle" - Estelle, autiste
Ce diagnostic de troubles du spectre de l’autisme (TSA) est tombé il y a un peu plus de deux mois. Avant, elle savait qu’elle n’était pas comme "tout le monde" mais personne n’avait encore mis un nom sur sa différence. "Aujourd’hui, cela va mieux. Je sais pourquoi je vis dans mon monde, dans ma bulle", explique-t-elle.
ECOUTEZ le témoignange d'Estelle, autite Asperger.
"Je n'arrive pas à communiquer"
Tous les jours, Estelle travaille et s’occupe de ses enfants. "J’aime mon métier (elle y excelle), il me prend beaucoup de temps. Je peux ne pas manger ni dormir si je n’ai pas terminé ce que j’ai à faire."
A l’aise au bureau, "car c’est cadré, je sais ce qu’il faut et là je connais les règles et les limites", en revanche, elle reconnaît être en difficulté dans sa vie sociale. "Je renvoie une image de quelqu’un qui ne s’intéresse pas aux autres mais ce n’est pas du tout ça. C’est juste que je n’arrive pas à communiquer. Quand on me parle de la pluie et du beau temps, je ne sais pas quoi répondre. Cela ne m’intéresse pas."
"Je renvoie une image de quelqu’un qui ne s’intéresse pas aux autres mais ce n’est pas du tout ça." - Estelle, autiste
Estelle reconnaît être très proche de ses enfants. "Logiquement, les parents sont là pour leurs montrer quelles sont les règles de la vie extérieure, de la vie sociale. Mais contrairement aux neurotypiques (mot crée par les autistes pour qualifier les personnes qui ne sont pas autistes) mes règles sont différentes. Donc, c’est très compliqué et parfois je dois regarder comment font les autres ou prendre un livre pour regarder quel est le bon comportement à avoir."
"J’aimerai que les gens soient mieux informés sur l’autisme", explique Estelle. "Que quand un enfant est différent, il ne soit pas obligé de se cacher." Elle voudrait par exemple qu’on en parle à l’école, que tout le monde apprenne à connaître ce handicap et que les médecins généralistes soient mieux formés. "Avant, on me disait que l’étais bipolaire."
"Parfois je dois regarder comment font les autres ou prendre un livre pour regarder quel est le bon comportement à avoir." - Estelle, autiste
Le TSA d’Estelle a été diagnostiqué en février dernier par l’Equipe mobile autisme de l’Ordre de Maltes à Sallanches. Cette structure unique en Haute-Savoie permet d’intervenir suite à un appel de parents ou de structures spécialisées suite à une suspicion d’autisme ou pour préconiser une adaptation des modalités d’accompagnement.
__________________________________________
*Le prénom a été modifié