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La Marne, lieu de baignade favori des jeunes parisiens pourtant dangereux et interdit
Des panneaux tout le long des berges indiquent pourtant qu'il y a eu 3 morts par noyade ces douze derniers mois, mais la mairie et la police n'arrivent pas à empêcher de plus en plus de baigneurs de venir piquer une tête dans la Marne, surtout depuis le déconfinement.

Il veut montrer à tout le monde qu'il peut plonger de haut. De très haut. Mohammed grimpe à toute allure une échelle le long d'un pylône, il se hisse sur les dernières barres en métal et plonge sous les cris de ses amis.
Ce genre de comportement, Brahim, animateur à la mairie de Saint-Maurice tente de les faire disparaître. Tous les week-ends, mandaté par la mairie, il vient faire de la prévention auprès des jeunes baigneurs pour éviter les risques de noyade. "Deux jeunes d'environ 17 ans sont morts au mois de juin , cette année, l'un d'eux a voulu sauter d'une passerelle juste après le passage d'une écluse, il a été pris par le remous de la vase et ses amis n'ont pas réussi à le sortir de l'eau" raconte celui qui assure vouloir "faire de la prévention, pas de la répression".
"Ça n'arrive pas qu'aux autres"
"Ils pensent tous que ça n'arrive qu'aux autres, qu'eux savent nager et pourront sortir de l'eau" explique-t-il, juste avant de se retrouver face à un jeune homme de 16 ans originaire de Thiais, qui assure de son côté être "prudent" : "quand il y a des bateaux, on sort, on fait au plus vite pour sortir et les éviter". S'ensuit un échange avec Brahim sur tous les autres risques, "il y a l'hydrocution, il y a les infections, l'eau n'est pas propre", insiste l'animateur, "vous pouvez simplement vous épuiser et ne pas réussir à sortir de l'eau", et de rappeler les jeunes adultes morts en juin alors qu'ils savaient nager. Réponse assurée du baigneur "ils n'ont pas fait assez attention".
Des panneaux pour dissuader les baigneurs
Le maire de Saint-Maurice, Igor Semo, rappelle que l'arrêté d'interdiction de baignade existe depuis 1970, mais qu'il a rarement vu autant de monde que cette année. "Un effet du confinement probablement" estime l'élu, qui a décidé cette année d'installer des panneaux le long des 3,5 kilomètres de Marne sur sa commune pour tenter d'endiguer cette "baignade sauvage" comme il la définit. Une affiche sur laquelle on voit "quelqu'un en train de se noyer" décrit M. Semo, une main tendue qui symbolise la noyade et qui rappelle le nombre de décès en 12 mois.
"La brigade fluviale passe avec un zodiac et un mégaphone, tous les jours, pour demander aux baigneurs de sortir de la Marne, leur rappeler que c'est interdit, la police municipale et nationale passe aussi, mais il faut ajouter la prévention, sensibiliser ces jeunes aux risques dont ils ne sont absolument pas conscients". D'où la présence de Brahim et de ses collègues chaque samedi et chaque dimanche. Mais à peine sortie de l'eau, Caroline, trempée de sa baignade, assure n'avoir "même pas vu" les panneaux, "ça ne me fait pas peur, j'avoue, je ne connaissais pas les jeunes morts et je fais très attention".
Des pompiers mobilisés et inquiets
Attention donc, entre le courant, la vase, des objets au fond de l'eau. Il existe de nombreux dangers qu'on ne voit pas de la berge et qui peuvent conduire au drame, rappelle le lieutenant colonel Boët des sapeurs-pompiers de Paris : "le premier cas, c'est le choc thermique, qui entraîne une hydrocution. L'autre cas régulier, c'est un choc avec des objets : les gens vont sauter depuis un pont ou un quai. Or dans la Seine ou la Marne, on trouve de nombreux objets comme des trottinettes, des scooters, etc. En heurtant les objets, ils peuvent tomber inconscients et se noient. Et puis il y a aussi des fonds qui sont tellement vaseux ou spongieux que la personne qui saute est pris par des phénomènes de ventouse et ne pourra pas remonter à la surface. Sauf qu'on ne voit rien depuis la bord".
Des jeunes originaires de Paris et un effet confinement
Sur un ponton d'amarrage, une dizaine de jeunes filles bronzent, les cheveux encore humides de leur baignade dans la rivière, "elle est bonne !" lâche Manon, tout sourire "on vient de paris, du Xe arrondissement, on devait partir en voyage mais à cause du coronavirus c'est annulé alors ici on est un peu comme à la campagne c'est agréable". Elles ont connu ce "spot" grâce aux réseaux sociaux, Manon en est sûre, il y a un effet confinement : "les jeunes ont besoin de se retrouver, et de se retrouver dans un endroit cool, à l'air libre".
Quand Brahim leur parle de noyades, le groupe d'amies rétorque qu'elles font très attention et ne tentent pas, "comme certains", la traversée de la rivière. Mais c'est en parlant de la qualité de l'eau que l'animateur arrive à les interpeller. "L'eau est sale, même si elle paraît turquoise et transparente, il y a beaucoup de déjections animales comme celles des ragondins, il y a des carcasses de voitures, de scooters etc. Je préfère vous prévenir !" lance-t-il aux visages dégoûtés, "c'est vrai que ça sent pas bon" concède Amélie, "il y a un peu une odeur de fer, de métal".
Igor Semo, le maire de Saint-Maurice, assure de son côté que la qualité de l'eau s'est nettement améliorée "on est assez proche du niveau de qualité eaux de baignades", la ville de Saint-Maurice est d'ailleurs candidate à l'accueil d'un site de baignade, "un site encadré, surveillé, pas comme ce qu'il se passe maintenant". Ce projet ne verrait pas le jour avant plusieurs années, et "pose aussi d'autres questions, comme la capacité d'accueil ou la qualité de l'eau" rappelle Igor Semo. En attendant, Brahim et les autres animateurs de la ville, continueront tout l'été d'aller à la rencontre des jeunes baigneurs.
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