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"Le contribuable finance les structures en Belgique", alerte Jean Pierre Delelis, père d'adulte handicapé

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De nombreux adultes lourdement handicapés sont confrontés au manque de places dans des structures adaptées en France. 6 000 d'entre eux, dont plus d'une soixantaine dans la Somme, ont du se tourner vers la Belgique pour trouver la leur. Une prise en charge à l'étranger assurée par le Département.

Pour son fils Nicolas, atteint d'une forme lourde d'autisme, Jean-Pierre Delelis a du faire appel à une structure adaptée en Belgique Pour son fils Nicolas, atteint d'une forme lourde d'autisme, Jean-Pierre Delelis a du faire appel à une structure adaptée en Belgique
Pour son fils Nicolas, atteint d'une forme lourde d'autisme, Jean-Pierre Delelis a du faire appel à une structure adaptée en Belgique © Radio France - Bastien Roques

Cela fait bientôt 5 ans que Jean-Pierre Delelis a du se résoudre à placer son fils, Nicolas, autiste, dans une structure d'accueil spécialisée en Belgique : "J'ai du après beaucoup de recherches dans des établissements régionaux ou nationaux me tourner vers la Belgique. Parce que c'est la seule solution pour les adultes lourdement handicapés__, qui n'ont pas de places en France".

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Une situation difficile mais sans grande alternative

Une situation difficile à vivre pour sa compagne et lui en tant que parents, mais aussi pour leur fils : "Nous sommes a 200km de Nicolas, nous ne pouvons le voir qu'une fois par mois. Chaque déplacement c'est 5 à 6 h de route. Comment peut on accepter de déplacer des enfants aussi loin de leur famille, coupés au fil des années de leur centre de vie. Cette situation qui existe depuis 40 ans en France ne doit pas perdurer__, même si je pense qu'elle va encore perdurer longtemps".

Un problème alors que de nombreuses personnes, notamment atteints d'un handicap mental lourd nécessitent une prise en charge adaptée : "Cela fait 5 ans que nous cherchons à rapatrier Nicolas en France, mais sans succès. Toutes les personnes déplacées en Belgique sont des grands handicapés__. Souvent des personnes autistes qui n'ont aucune autonomie, donc qui émotionnellement peuvent avoir des réactions un peu "primaires" mais qui ont surtout besoin d'affection et de bienveillance. Et cela ils le trouvent ou ne le trouvent pas dans des établissements spécialisés loin de leur famille".

Un coût pour les pouvoirs publics au bénéfice de la Belgique

Un coût aussi pour les pouvoirs publics : même à l'étranger, la prise en charge reste financièrement assurée par les départements . "Il faut savoir que 67 personnes actuellement sont accueillies en Belgique. Pour le département, cela représente un coût de 3 millions d'euros__. Ce qui veut dire  que nous contribuables du département, nous versons 3 millions d'euros à des établissements belges pour s'occuper de nos enfants handicapées".

Un calcul qui à l'échelle du pays devient considérable : "En France, 60 000 personnes sont accueillies dans des établissements spécialisés, et 6000 en Belgique. Donc nous "exportons" 10% de nos adultes handicapés__, soit un coût pour la France de 300 millions d'euros. C'est une somme considérable, qui pourrait être utilisée pour créer en France des places et les emplois qui vont avec, mais on préfère les donner à la Belgique".

Un système historique et désormais très ancré

La situation est loin d'être nouvelle. Son caractère historique rend d'autant plus difficile un retour en arrière. "La Belgique étant frontalière de la France, les population française depuis les années 50 n'ayant pas de solution, il est devenu un peu naturel de transférer les jeunes handicapés en Belgique là où l'offre était plus importante. Et puis ce système au départ occasionnel, a continué et s'est perverti, institutionnalisé__. Les établissements belges ont trouvé que c'était une manne non négligeable". 

Pour autant, Jean-Pierre Delelis ne souhaite pas leur jeter la pierre : "Sans eux, des parents comme nous n'auraient aucune solution. Ce sont des gens qui connaissent leur travail, qui font des établissements sérieux, avec des personnes sérieuses pour encadrer nos jeunes. Mais aujourd'hui comment expliquer que de l'autre côté de la frontière, 200 établissements belges accueillent 6 000 Français, sachant qu'__ils n'accueillent que des Français et n'ont été créés que pour les Français ?"

L'ouverture de 1500 places visée par le gouvernement

En visite dans la Somme ce lundi, la secrétaire d'Etat aux personnes handicapées a annoncé l'investissement de 90 millions d'euros, avec l'objectif de créer 1500 nouvelles places en France. Une annonce face à laquelle Jean-Pierre Delelis reste prudent : "Mme Cluzel connait bien le handicap. C'est une personne très humaine qui déclare depuis très longtemps que nous allons avoir de l'argent pour créer des places, que nous allons rapatrier nos enfants. Mais je lui pose la question : aujourd'hui dans la Somme, un appel a projet a été lancé, qui n'a pas encore été pourvu. On parle de 6 à 7 places créées d'ici un an, deux ans, trois ans. Face aux 67 personnes actuellement en Belgique dont une partie souhaiterait être rapatriée, c'est un peu disproportionné. Donc _ne parlons pas de rapatriement si les solutions en France n'existent pa_s". 

Sans compter que le gouvernement et le département ne sont pas les seuls décideurs : "Je ne doute pas que le gouvernement ait des crédits à mettre à disposition, mais les véritables décideurs dans les ouvertures de places, c'est l'agence régionale de santé, qui a les clés. Qu'il y ait des crédits au niveau du département c'est bien, encore faut-il que l'ARS en donne les moyens".

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