La face cachée des sports d'hiver : les stations de ski abandonnées
Pierre-Alexandre Métral, doctorant en géographie et aménagement du territoire à l'Université de Grenoble Alpes, travaille sur ces stations de ski qui ferment chaque année en France. Il en a recensé 168 sur 584. Ce qui pose des questions sur une époque révolue, celle de "l'âge d'or du ski".
Chaque année, des stations de ski mettent la clé sous la porte. Essentiellement des petites stations avec une ou deux remontées, installées dans des communes d'altitude moyenne. Ces stations sont le reflet d'une époque de l'âge d'or du ski, dans les années 60, où chaque commune de montagne se devait d'avoir sa remontée mécanique.
Le géographe Pierre Emmanuel Métral, doctorant à l’université de Grenoble Alpes s'est lancé dans le recensement de ces stations qui ferment. "Environ deux à trois par an, ce qui fait 168 sur 584 soit 28% du nombre total."
Pourquoi en est-t-on arrivé là ? "Les stations ne ferment pas directement à cause du manque de neige, mais à cause des problèmes économiques causés par le manque de neige, les changements climatiques mais aussi l'absence de diversification des activités ou encore l'inadéquation entre l'offre proposée et les évolutions des désirs des consommateurs."
L'exemple le plus criant en Isère d'un "raté", c'est la station fantôme de Saint-Honoré-en-Matheysine dont le projet immobilier s'est fracassé sur la réalité économique dans les années 90. Aujourd'hui c'est une friche touristique qui fait le bonheur des photographes. Plus récemment le col de l'Arzelier (Vercors) a définitivement fermé.
Le démontage des remontées abandonnées est un enjeu économique et écologique
Jusqu'à la "loi montagne" de 2016, il n'y avait rien de prévu pour le démantèlement. Depuis, chaque projet de nouvelle remontée mécanique doit prévoir dans son budget une somme allouée au démantèlement, sauf que cette part est allouée aux remontées construites après 2016, autant dire quasiment aucune. Or démonter et recycler ça coûte cher et ça demande un certain savoir faire. En Isère par exemple les remontées du col du coq ont été démontées, mais le télésiège du col de porte, inactif depuis plus de dix ans, est toujours là.
Il y aussi une dimension affective pour les habitants, ceux qui ont appris à skier sur ces pentes. C'est un symbole, et souvent un crève-cœur de les voir être démontées. "La remontée mécanique c'est le dernier espoir, vous l'enlevez et vous êtes sûrs que c'est fini pour toujours", d'ou la réticence pour les habitants.