Les étudiants de Sciences Po Strasbourg vent debout contre les comportements sexistes
150 personnes se sont réunies ce vendredi devant le bâtiment de Sciences Po Strasbourg pour protester contre les violences sexistes. Une fronde qui touche d'autres villes universitaires. Sur Twitter, le mot-dièse #SciencesPorcs a déjà déclenché une avalanche de réactions et de témoignages.
Les nombreux messages de jeunes filles se disant victimes ou témoins de comportements et de violences sexistes, voire d'agressions sexuelles, dans plusieurs Sciences Po de France, ont incité les étudiants strasbourgeois à manifester à leur tour.
Ce vendredi 12 février 2021, à l'appel du collectif Arc en Ci.elles, un collectif d'étudiantes et d'étudiants de Sciences Po Strasbourg, 150 personnes se sont rassemblées devant le CARDO, le bâtiment de Sciences Po, pour dénoncer les violences sexuelles et la "culture du viol".
Pour la co-présidente du collectif strasbourgeois, Loriane Guidal, il faut combattre "l'omerta" qui entoure ces atteintes sexuelles : "toutes les victimes n'osent pas parler. Durant ces cinq dernières années, il y a au moins eu un cas par an de violences, d'agression sexuelle ou de viol, qui n'a pas toujours été remonté à l'administration".
Le CRIT, tournoi à haut risque
Il faut aussi sensibiliser les associations d'étudiants qui organisent des fêtes, dont le fameux CRIT, ce tournoi sportif hautement alcoolisé qui oppose les différents instituts d'études politique de France. "Cet évènement est très problématique!" s'indigne Loriane Guidal. "La plupart des agressions dont on est au courant se sont déroulées dans le cadre de soirées, d'où l'appel du collectif aux étudiantes et étudiants de ces associations de redoubler de vigilance."
La direction de Sciences Po a d'ailleurs annoncé ce vendredi que l'institut strasbourgeois ne participera plus au CRIT. Elle va aussi mettre en place très rapidement un groupe de travail consacré aux atteintes sexuelles à l'IEP, qui rassemblera enseignants, personnel de l'université et étudiants.
"Nous avons des dispositifs en place depuis quelques années", ajoute Jean-Philippe HEURTIN, le directeur de Sciences Po Strasbourg, "une cellule d'écoute, une magistrate indépendante qui recueille les plaintes. Nous n'hésitons pas à utiliser tous les moyens légaux pour lutter contre ce fléau!"
L'Université de Strasbourg à l'écoute des victimes
L'Université de Strasbourg, qui compte 52.000 étudiants, lutte activement depuis 2018 contre les violences sexuelles. Elle a créé une cellule d'écoute qui épaule et aiguille si nécessaire les étudiants et les personnels concernés vers une association strasbourgeoise d'aide aux victimes, "SOS Aide aux habitants - France victimes 67".
Les mentalités évoluent, il y a une véritable prise de conscience, assure la vice-présidente de l'université déléguée à l'égalité et à la parité, Isabelle Kraus : "il est important que les étudiantes se tournent vers la cellule, qui va établir avec elles un lien privilégié, un lien qui sera maintenu pendant toute la période durant laquelle le dossier sera traité".
Cinq à dix situations d'atteinte ou de harcèlement sexuels sont signalées à la cellule d'écoute chaque année.