Le blues des étudiants après des semaines de travail à distance
Les étudiants suivent une très grande majorité de leurs enseignements à distance en raison de la crise sanitaire, au détriment du lien social. Cet isolement pèse sur leurs motivations et leurs résultats.
Pendant la crise sanitaire, les étudiants passent une grande partie de leur cursus à suivre des cours à distance. Cela pèse sur leurs motivations et leurs résultats. Un peu moins de 10% des étudiants de l'Université de Lorraine sont actuellement présents sur ses différents campus pour participer en rotation à des travaux pratiques. A l'École nationale d'ingénieurs de Metz (ENIM), les cours en ateliers ont pu reprendre à la mi-décembre, après plusieurs semaines de travail uniquement à distance.
Pour Adrien, 23 ans, en quatrième année dans cette école, se lever tous les matins pour aller en cours sans sortir de sa chambre ne va pas de soi : " J'ai eu une grosse baisse de motivation depuis le Covid. C'est le fait de ne plus avoir d'espace de travail dédié, c'est beaucoup moins motivant en restant à la maison. Mes parents, eux , ils n'ont pas fait d'études donc ils rentrent dans ma chambre n'importe quand en pensant que je ne travaille pas, ils ne se rendent pas compte ", souffle-t-il.
Je suis passé de la 10ème à la 30ème place dans ma classe - Adrien, élève ingénieur
L'enseignement à distance est aussi un défi pour les professeurs , qui doivent adapter leur méthode pédagogique : " certains sont capables de proposer des formes très interactives, mais d'autres se contentent de reciter leur cours et puis voilà. C'est difficile à suivre. Après, ils perdent 4 points de moyenne générale et ils ne comprennent pas pourquoi ", cingle Adrien.
Les étudiants étrangers plus isolés
Les stages prévus à l'étranger au deuxième semestre sont également remis en cause : " ça va me pénaliser pour les langues étrangères", complète-t-il. Un stage, Ashraf en cherche un, pour valider son année. Cet étudiant marocain de 28 ans est venu compléter son cursus en France. Il veut s'adapter aux nouvelles formes d'apprentissage, mais redoute les conséquences sur son insertion professionnelle : " À chaque fois que j'envoie une candidature pour un stage je reçois un message automatique de refus. Des entreprises me disent qu'elles ne peuvent pas accueillir de stagiaires en ce moment. C'est vraiment compliqué ", reconnaît-il.
Beaucoup des étudiants étrangers présents sur les campus, qui ne peuvent pas nécessairement rentrer dans leur famille, ont passé toute la période de confinement et celles des fêtes dans leurs logements étudiants.
C'est le cas de Yosra, doctorante en informatique, venue de Tunisie pour réaliser son stage de recherche. Elle est autorisée à venir travailler partiellement dans le laboratoire qui l'accueille mais n'a pas pu rencontrer beaucoup de monde depuis qu'elle est arrivée en septembre : " ce n'est pas facile tous les jours, surtout du point de vue de la vie sociale. Ne pas avoir d'échanges, d'interactions avec les autres, ça marque ", explique-t-elle.