Un an de gilets jaunes : à Bandol, un péage et un rond-point symboles de la mobilisation
Un après après, il ne reste plus aucune trace de la mobilisation des gilets jaunes au péage de Bandol (Var) sur l'A50. Pourtant, tous les acteurs se disaient ultra motivés pour poursuivre le mouvement qui s'est essouflé au fil des mois, notamment après l'incendie qui a ravagé la barrière de péage.
Bandol, France
Dès les premiers frétillements du mouvement, le péage de Bandol situé sur l'autoroute A50 est investi. Très rapidement, un campement est installé au milieu des voies de circulation dans les deux sens, ralentissant le passage des automobilistes. L'ambiance est au début bon enfant. Les participants se retrouvent là pour discuter de leur quotidien et de leurs difficultés. Tous viennent d'horizons très variés et se sentent à l'aube d'un mouvement de fond. L'alcool est déjà très présent sur ces barrages, notamment la nuit. Les idées divergentes aussi. Mais les gilets jaunes de la première heure passent outre, persuadés qu'ils ont une mission à remplir. "On n'est pas là pour juger les autres", plaident-ils. Quelques semaines après le début de la mobilisation, les premières annonces d'Emmanuel Macron pour tenter de répondre à leurs demandes n'entament en rien leur mobilisation.
Puis rapidement, la défiance s'instaure, envers le pouvoir mais aussi envers les médias, taxés d'être "à la solde des politiques". Le climat est tendu sur le péage de Bandol, notamment après l'incendie volontaire déclenché par une poignée d'individus venus de l'extérieur du barrage. Des dégradations que, malgré tout, les gilets jaunes, repliés sur un rond-point à proximité de la barrière de péage, peinent à condamner. Des dégradations qui pourtant impactent la vie de milliers de Provençaux qui empruntent chaque jour l'axe pour rejoindre leur lieu de travail.
C'est sur ce nouveau point d'ancrage, ce rond-point à l'entrée de Bandol que la mobilisation s'est concentrée pendant plusieurs mois. Les klaxons de sympathie des automobilistes sont encore présents. Certains leur lancent même par la fenêtre des billets de 10 euros pour "participer aux frais".
Et pour les réveillons de Noël et de la Saint-Sylvestre, c'est bombance : huîtres, foie gras, bouteilles de vin et de champagne apportés par des gens solidaires du mouvement. Et malgré les différentes tentatives des forces de l'ordre de l'ordre de démonter les installations, la mobilisation continue. "À chaque fois, ils construisaient de mieux en mieux. À la fin, il y avait carrément un bar", relate un policier qui est intervenu à plusieurs reprises
Le mouvement passe la nouvelle année. Mi-janvier, le péage de Bandol rouvre partiellement. Mais le mouvement persite et signe sur le rond-point de Bandol. Néanmoins, les klaxons de sympathie s'estompent. Il y a de moins en moins de monde au rond-point.
La dernière opération de démontage a lieu en mai. Personne ne s'est véritablement réinstallé. Les gilets jaunes de Bandol se sont éparpillés. Mais pourtant, le mouvement n'est pas mort. "On se réunit tous les mercredis soirs, il y a plus ou moins du monde, entre 50 et 60 personnes. Mais on ne lâche toujours rien", affirme Jean-Noël, un gilet jaune retraité de la première heure.