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"Les hébergements pour les victimes de violences conjugales sont insuffisants" dans l'Yonne, alerte l'Adavirs
Depuis le début de l'année, dans l'Yonne, 359 femmes victimes de violences conjugales ont été accompagnées par l'Adavirs France Victimes 89. Ces femmes ont un réel besoin d'accompagnement, notamment en termes d'hébergement, mais les places manquent regrette la directrice de l'association.

En cette journée internationale de lutte contre les violences conjugales, le Premier ministre, Jean Castex, promet ce jeudi 24 novembre de renforcer les dispositifs existants et notamment d'ouvrir 1.000 nouvelles places d'hébergement l'an prochain. Dans l'Yonne, "il y a un manque énorme de places d'hébergement, surtout en zone rurale" selon la directrice de l'Adavirs (Association Départementale d'Aide aux Victimes d'Infractions et à la Réinsertion Sociale) France Victime 89 , association qui accompagne notamment les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles. Invitée de France Bleu Auxerre, Marie-Laure Bouard Desvaux regrette un manque de moyens pour accompagner également psychologiquement ces victimes.
France Bleu Auxerre : Combien de femmes victimes de violences sexistes ou sexuelles avez-vous accompagné depuis le début de l'année ?
Marie-Laure Bouard Desvaux : Depuis le début de l'année, nous avons accompagné 359 victimes conjugales et réalisé un millier d'entretiens. C'est plus que les années précédentes grâce à la proactivité. Nous allons maintenant au-devant des victimes pour leur proposer un accompagnement. Il y a une meilleure détection et une meilleure orientation. Il n'y a pas de profil type ni pour l'auteur de ces violences, ni pour la victime. Elles sont globalement majeures, mais il n'y a pas de profil ni au niveau social, ni au niveau de l'âge. Beaucoup de ces victimes sont isolées en zone rurale et c'est d'autant plus important pour nous de développer des permanences pour aller vers elles. Il faut avoir au plus près des victimes des personnes informées sur l'existence des associations d'aides aux victimes notamment. C'est créer un réseau au plus proche des victimes.
Deux ans après le Grenelle des violences conjugales, et grâce à "Me Too", la parole semble se libérer. Pourtant, seule une victime sur cinq ose porter plainte en moyenne. Comment expliquez-vous que ces violences soient si peu suivies de plaintes ?
Il ne faut pas négliger le fait que des victimes ont encore peur même si nous faisons en sorte de les rassurer. Il est encore difficile pour certaines de libérer la parole. Certaines ressentent de la honte. Pour d'autres, après être restées pendant des années sous l'emprise du conjoint violent, il est difficile de se reconnaître en qualité de victimes.
Comment peut-on lutter contre ce phénomène d'emprise ?
Le phénomène de l'emprise, c'est quelque chose qui s'installe dès le début, notamment avec la rupture sociale, l'aversion de la culpabilité. Il est important pour l'entourage de détecter des changements de comportements de la part de la victime, mais également une victime qui s'efface, qui culpabilise devant un comportement qui n'est pas adapté. Il ne faut pas hésiter à mettre des mots. Pour nous professionnels, il s'agit très rapidement de faire en sorte qu'elles puissent quitter le conjoint violent, c'est-à-dire mettre tout ce qu'il faut en place pour la rassurer et l'inciter à partir et surtout lui faire comprendre que la victime c'est elle, et non pas le conjoint qui pourrait, éventuellement, se positionner en tant que victime.
Vous parlez d'accompagner, mais on imagine qu'il y a aussi un besoin d'hébergement. Les hébergements dans le département de l'Yonne pour ces femmes victimes de violences sont-ils suffisants ?
Non, ils ne sont pas suffisants. Il y a encore deux problématiques sur lesquelles il faut travailler. Il y a un manque énorme de places d'hébergement, surtout en zone rurale. Même si la tendance est aujourd'hui de rester au domicile, il y a encore des victimes qui veulent absolument partir et partir loin. Pour certaines c'est difficile de tout laisser. Il faut pouvoir leur proposer un hébergement adapté, parfois pas très loin du logement parce qu'elles ont des enfants et qu'elles ne veulent pas modifier leurs habitudes. Et la deuxième problématique, c'est la prise en charge psychologique. Nous manquons encore de moyens pour accompagner psychologiquement ces victimes le plus tôt possible. Dès lors qu'elle décide de faire les démarches, une victime a besoin d'être rassurée par un personnel adapté et notamment par une psychologue.
Si vous êtes victime ou témoin d'actes de violences, il existe un numéro de téléphone gratuit et anonyme, le 3919 et le site internet arretonslesviolences.gouv.fr . Dans le département de l'Yonne, l'Adavirs France Victimes 89 est joignable au 03 86 51 66 14. L'association dispose d'une vingtaine de permanences à Auxerre, Sens, Avallon, Chablis, Joigny, Bléneau, etc.
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