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Les propos d'un professeur sur la situation des étudiants, jugés maladroits, créent l'émoi à la fac de Tours

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Des étudiants d'un cours de droit ont alerté la direction de la faculté de Tours après des propos d'un de leur professeur sur le le travail à fournir en cette période de crise sanitaire et de cours en distanciel.

Les cours à la faculté sont pour la plupart en distanciel. Les cours à la faculté sont pour la plupart en distanciel.
Les cours à la faculté sont pour la plupart en distanciel. © Radio France - Adèle Bossard

Depuis quelques semaines, de nombreux étudiants font part de leurs difficultés psychologiques et financières face à la crise sanitaire. Une tension palpable qui fait parfois des étincelles. Mardi 26 janvier, un professeur de droit a eu des propos jugés maladroits par une partie de ses étudiants. Certains s'en sont émus auprès de l'UFR et du doyen de la faculté dans un mail. Le professeur en question a jugé qu'ils étaient "paresseux".

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"C'était le premier cours que nous avions avec ce professeur en distanciel. Lors de son introduction de cours, il est revenu pendant une dizaine de minutes sur notre situation. Il a commencé par nous dire que cela était bien pour nous, que cela permettait de se concentrer sur les cours et que c'était bon pour notre réussite", raconte un étudiant présent. "Il nous a dit que nous étions des paresseux, que nous devions travailler. Et puis après, ils nous a dit que les chèques psy, envisagés pour le gouvernement, étaient inefficaces et qu'au lieu de consulter un psy, les élèves devraient plutôt consulter leurs notes de cours", précise encore un autre.

Des propos qui passent mal pour une partie des étudiants. Sur internet, sur les messageries instantanés, des étudiants s'émeuvent alors. "C'est pas toujours si simple Monsieur, oui on travaille. On fait tout pour mais parfois nous avons des problèmes bien plus graves que nos cours de droit [...] Ce n'est pas de la "paresse", écrit un étudiant. "Monsieur, le confinement pèse sur des étudiants. Si des étudiants se défenestrent ce n'est pas parce que le confinement est la clé du succès, mais bien parce qu'il devient intenable pour toute personne voulant réussir leurs études. Nous sommes mis de côté par le gouvernement et vous nous dites que nous devons garder la tête haute, excusez nous si ce n'est plus possible", ajoute un autre étudiant.

On a besoin de soutien 

Des commentaires qui resteront sans réponse. Le professeur poursuit alors son cours.  "Je me suis demandée si ce n'était pas une blague ce que je venais d'entendre", précise une étudiante contactée par France Bleu Touraine. "J'ai trouvé ça condescendant, déplacé et pas utile. Au contraire, je pense que cela peut enfoncer des personnes déjà mal."

Peser les mots en cette période de crise 

Les quelques étudiants contactés l'affirment, ils ne souhaitent pas de sanction mais peut-être des excuses de leur professeur. Ils jugent ses propos maladroits, qui n'ont pas lieu d'être dans une période de grande fragilité avec la crise sanitaire. "Ce n'était pas les bons mots. Ce n'est sûrement pas la volonté de ce professeur. Mais nous avons besoin de soutien en ce moment et là on a eu la sensation de tout sauf cela", résume une étudiante en licence de droit. 

Le professeur informé du mail envoyé à la direction de la faculté a pris le temps, ce jeudi, d'envoyer une lettre aux élèves de son cours. Dans son courrier, il précise "qu'il ne nie pas l'ampleur de la crise sanitaire et les difficultés qu'elle entraîne [...] Je ne parle que de cette faculté de s'isoler qui est la vocation même de l'étudiant, soucieux de se préparer activement à ses examens.  Vous serez sensibles à ce retournement dialectique : ce qui est certainement une contrainte peut être une discipline féconde et librement consentie." 

Une réponse qui ne convainc pas certains étudiants. "Ils nous dit la même chose, de façon plus poli", souffle un élève. "On attend des explications plus claires au prochain cours."

La souffrance prise en compte par l'université

A l'université, on déplore cette incompréhension. Depuis des mois, les enseignants ont "en tête et au cœur les problèmes, les inquiétudes voire les angoisses des étudiants" rappelle Marie-Laure Gely, responsable de la licence droit à la faculté de Tours et enseignante. Elle précise qu'elle aussi a reçu des messages d'étudiants. Certains d'entre eux soutenaient également leur professeur. Un professeur avec qui elle a échangé. 

"Ce professeur a tenu des propos qui ont pu affecter certains étudiants. Il en a eu conscience et a écrit au plus vite cette lettre. Mais je crois qu'il a voulu en tant que professeur, dire que le travail est nécessaire. C'est notre rôle de leur rappeler leur objectif universitaire. On doit être à l'écoute mais ne pas leur faire oublier leur objectif."

Cela n'aurait pas eu un tel impact si les cours n'étaient pas en distanciel suppose Marie-Laure Gely. "L'amphithéâtre est un endroit où il y a de l'interaction. On ressent nos étudiants, on voit quand ils sont fatigués, s'ils n'ont pas compris. On voit dans leurs yeux, leurs postures, ce qu'il ne va pas. A distance, on a un écran et on voit simplement quelques visages. Nous n'avons pas de contact avec nos étudiants. Alors parfois, on peut insister sur un propos sans se rendre compte qu'ils peut être mal reçu par des étudiants en fragilité."

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