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Maraude des "Oubliés" au Pays basque : avant d’être SDF, "ces gens-là avaient tous une vie ordinaire"

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Au Pays Basque, la pression immobilière pousse à la rue des centaines de personnes qui ne trouvent pas à se loger. France Bleu Pays Basque a suivi les bénévoles de l'association "Les Oubliés" en maraude dans les rues de Bayonne, Anglet et Biarritz.

Le café est parfois un prétexte pour prendre le temps de discuter et d'échanger Le café est parfois un prétexte pour prendre le temps de discuter et d'échanger
Le café est parfois un prétexte pour prendre le temps de discuter et d'échanger © Radio France - Bixente Vrignon

Les sans-abris au Pays Basque, ce sont "les oubliés", pour Sylvie, Charlotte, ou encore Dominique, qui ont créé il y a trois mois leur association éponyme : "Les Oubliés". Deux fois par semaine, les 25 membres de cette association distribuent à manger en soirée aux sans domicile fixe (SDF) de Bayonne, Anglet et Biarritz. Pourquoi "Les Oubliés" ? La réponse est évidente pour Sylvie : "Vous les voyez, vous ? Vous les regardez ? Qui les regarde, qui prend le temps de s'arrêter, de discuter trois minutes, ou faire juste un sourire ? Il faut arrêter de croire que le SDF, puisqu'il est marginalisé, il est forcément méchant, alcoolique, agressif, etc. C'est pas vrai ! Ces gens-là avaient tous une vie ordinaire, et du jour au lendemain, tout capote".

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Pour avoir un logement, il faut être embauché - Philippe, salarié à la rue depuis deux ans

Des exemples, on en trouve à tous les coins de rue en suivant une maraude, avec Philippe par exemple, qui témoigne : "J'ai deux enfants une femme, et j'ai divorcé en 2017. J'avais un commerce, une maison, j'ai toujours été à mon compte, mais on a tout vendu. Moi je fuis les problèmes, je fuis ma femme", dit-il d'un air désabusé, un café à la main. Le réconfort, c'est d'abord la nourriture parce que ce Lyonnais d'origine rappelle qu'il a déjà passé plusieurs jours sans manger et à dormir à la rue. Ces derniers jours, il dort dans une caravane : "J'ai aidé des gens du voyage et ils m'ont proposé une vieille caravane. Je travaille dans le bâtiment, en intérim. J'appelle pas le 115 parce que je connais, et je ne veux pas de logement comme ça". Alors Philippe dort parfois à la rue "bien que je travaille dans le bâtiment, pour avoir un logement il faut être embauché. Si un jour j'arrive à avoir une embauche, là j'aurai un appartement". 

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"Les Oubliés" aident beaucoup de personnes précaires, sans logement, mais parfois pas sans travail. © Radio France - Bixente Vrignon

Les SDF souvent salariés, parfois victimes de handicap

Mais il y a aussi Mohammed, chassé par la crise économique en Espagne en 2018, qui ne veut pas rentrer au Maroc les mains vides après avoir travaillé des années en Espagne et mené une vie normale. Ici, il ne peut pas travailler parce que sa carte de résident en Espagne ne lui ouvre pas de droits en France. Ou encore Bruno, charpentier-couvreur à Limoges, tombé d'un toit. Handicapé et sans travail, il a pris la route et a échoué à Bayonne. Il affirme dans un sourire : "Ils nous amènent du réconfort et le café". Sylvie nuance : "Vous avez vu qu'ils ne viennent pas chercher que le café, il n'y a pas que la nourriture du corps qui les intéresse". Une connaissance du terrain qui fait que ces bénévoles ne comprennent pas les arrêtés pris ces derniers jours à Bayonne et Biarritz .

Distribution des repas depuis le coffre des voitures des bénévoles © Radio France - Bixente Vrignon

Exténués mais heureux

Ce qui les intéresse aussi, c'est discuter, discuter de l'avenir, parce que pas mal d'entre eux s'en sortent. La difficulté, c'est aussi le suivi des soins, pour ceux qui ont des problèmes psychiques, soignés de temps en temps , mais sans parcours de santé quand ils retournent à la rue. Les associations de bénévoles n'ont pas les moyens d'assurer un suivi qui demande des compétences médicales. Charlotte, à la fin de la maraude reconnait que quand on rentre le soir chez soi, on se retrouve "vidée d'énergie, parce qu'on parle beaucoup et on leur donne beaucoup d'énergie. On est épuisée, exténuée, mais heureuse".   

Au départ de la maraude, le moment des préparatifs © Radio France - Bixente Vrignon
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