Lunéville : le lycée professionnel Boutet de Monvel se mobilise pour Mamadou, élève menacé d'expulsion
Mamadou, 18 ans, est un migrant guinéen. Il est inscrit depuis mars 2020 au lycée Boutet de Monvel, où il suit brillamment un bac pro "Métiers de l'électricité". Mais la préfecture de Meurthe-et-Moselle veut qu'il quitte la France avant la fin du mois.
C'est bien simple : au lycée professionnel Boutet de Monvel, à Lunéville, Mamadou fait l'unanimité. Professeurs comme élèves, tous vantent le travail et les qualités humaines du jeune homme, inscrit dans l'établissement depuis mars 2020. Pour Grégory Cointin, qui enseigne ici depuis plus de 20 ans, "Mamadou est un garçon formidable, souriant et très travailleur."
Il y a environ trois ans, Mamadou décide de fuir la Guinée, son pays d'origine. S'en suit alors un long périple de 10 mois : "Je suis passé par le Mali, l'Algérie, le Maroc. J'ai traversé la mer pour aller en Espagne et je suis arrivé en France en mars 2019", raconte l'élève. Logé par le conseil départemental, Mamadou est inscrit un an plus tard au lycée professionnel Boutet de Monvel, en bac professionnel "Métiers de l'électricité".
Un élève encensé par ses professeurs
Tout de suite, il trouve sa voie, se passionne pour le câblage et l'électricité. "On l'a intégré en classe de seconde, on lui a expliqué qu'il arrivait en milieu d'année, qu'il devait essayer de rattraper ses camarades, raconte son professeur Grégory Cointin. Les vacances sont arrivées. Au retour des vacances, il avait rattrapé tout le retard." Mamadou reçoit régulièrement les félicitations de l'équipe pédagogique et ses retours de stage sont toujours très positifs.
Mais il y a une quinzaine de jours, l'élève reçoit une lettre de la préfecture : étant désormais majeur, il doit désormais quitter le territoire français avant la fin du mois de février. "Je me suis beaucoup donné ici. Quitter la France, je ne mérite pas ça", souffle Mamadou. Dans le corps enseignant, c'est également l'incompréhension : "C'est illogique, inhumain. Cela me révolte, confie Grégory Cointin. C'est de la politique du chiffre. On a pris un numéro, un nom et la préfecture a dit "au revoir". Moi j'invite les équipes de la préfecture à venir rencontrer Mamadou, à voir comment il s'est intégré. Ils changeront d'avis automatiquement."
Suite à cette décision de la préfecture, un élan de solidarité s'est formé autour du garçon. Les élèves du lycée Boutet de Monvel, comme Flavien, apportent leur soutien : "Son histoire est très touchante, on ne s'imaginait pas ne rien faire pour lui." Avec les professeurs, ils ont lancé une pétition. "Nous avons déjà reçu plus de 1300 signatures, raconte Lauriane Macherey, l'une des enseignantes de Mamadou. On espère également rencontrer le Maire de Nancy, où habite Mamadou. D'autres acteurs politiques nous soutiennent, des associations également. Pour nous, c'est impensable que Mamadou soit expulsé."
"Je ne mérite pas de quitter la France"
Avec un avocat, ils espèrent obtenir un recours et faire en sorte que Mamadou obtienne un titre de séjour étudiant. Le principal intéressé est très touché : "C'est un grand soulagement, tout le monde se bat pour moi… Ce sont des gens biens". Il espère pouvoir continuer ses études dans l'établissement, obtenir son bac pro et pourquoi pas, plus tard, lancer son entreprise.