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Maisons de retraite toulousaines : un manque criant de personnel

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Ce mardi, les personnels de maisons de retraite et des services à domicile seront en grève pour réclamer des effectifs supplémentaires et de meilleures rémunérations. Les familles, elles, ressentent bien ce manque de moyens. Reportage.

82 personnes âgées résident à Augustin Labouilhe, à St Orens.
82 personnes âgées résident à Augustin Labouilhe, à St Orens. © Radio France - Clémence Fulleda

C'est un mouvement unitaire inédit. A l'appel de la CGT, la CFDT, FO, l'Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD, ainsi que l'association des directeurs d'établissements, les personnels de maisons de retraite médicalisées et des services à domicile seront en grève dans toute l'Occitanie et toute la France.

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A Toulouse, le rassemblement est prévu mardi, à 14h, devant le Conseil départemental de Haute-Garonne.

9 aide-soignants pour 82 résidents

Les personnels demandent plus de moyens, de matériels, d'effectifs pour mieux prendre en charge les résidents des maisons de retraite. A l'Ehpad Augustin Labouilhe, à St Orens, les aide-soignants sont par exemple 9, au mieux, le matin, pour prendre en charge 82 résidents et 4 le soir.

Nathalie, aide-soignante, sera en grève mardi ; elle travaille depuis près de dix ans dans cet Ehpad et assure que la situation s'est beaucoup dégradée.

Les résidents qui arrivent sont de plus en plus dépendants, donc avec une prise en soin plus lourde mais sans augmentation du personnel. On n'a pas le temps de faire des soins de qualité, il faut aller très vite et on ne peut pas arriver tout de suite. Ça arrive que l'on trouve des personnes pas tout de suite après une chute. - Nathalie, aide-soignante

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Céline Astugue, responsable de la CGT Santé de Haute-Garonne va plus loin : "__On ne fait plus de l'humain. On a dix agents en arrêt maladie pour beaucoup à cause de burn-out. Certains n'arrivent plus à faire leur travail car c'est presque de la maltraitance__. On n'a plus le temps de prendre le temps de faire des soins."

Soupe froide et encore au lit à 10h

Les familles rencontrées à l'Ehpad Augustin Labouilhe se rendent bien compte de ce manque de personnel. Si toutes saluent la gentillesse du personnel, certains comme Andrée, une résidente de 88 ans, perdent parfois patience. "On vient chercher les chariots à 11h30, avant 12h30 il n'y a personne pour nous servir",  raconte-t-elle. Alors, Andrée mange souvent sa soupe froide et attend pour prendre sa douche.

Farida, elle, vient voir sa tante atteinte d'Alzheimer. Elle assure que c'est le meilleur Ehpad qu'elle ait trouvé après de nombreuses visites, mais elle sait que le personnel ne peut pas faire de miracle. 

Ma tante était très active, je ne la trouvais jamais au lit à 10h. Ici, je la retrouve parfois couchée à cette heure. - Farida

A Labouilhe, les familles paient environ 2 000 euros par mois ; cela peut monter jusqu'à 4 000 euros dans les établissements privés. "D'ici quelque temps on ne sait pas comment on va faire pour payer", confie Chantal, la mère d'Andrée.

Ecoutez le reportage de France Bleu Occitanie à la maison de retraite Augustin Labouilhe, à St Orens. 

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Un gros problème de recrutement

Le manque de personnel est donc criant, mais encore faut il arriver à recruter. Pas évident lorsque l'on sait qu'un aide-soignant diplômé gagne environ 1400 euros par mois dans la fonction publique hospitalière, 1200 euros dans le privé. 

Les diplômé(e)s sont d'ailleurs une denrée rare, assure Nathalie Clémencet, déléguée CGT et infirmière à l'Ehpad Maisonneuve, à Villefranche-de-Lauragais.  

La plupart du temps, ou trouve des personnes mais qui ne connaissent pas le métier. Et une fois formées, elles s'en vont parce c'est mal payé et difficile. - Nathalie Clémencet, déléguée CGT 

"On n'a pas assez de personnel qualifié dans les Ehpad"

Les directeurs d'Ehpad solidaires de la grève

Marina Secall Bersinger, représentante en Occitanie de la Fédération des associations de directeurs d’établissements pour personnes âgées,  directrice d'un Ehpad dans la banlieue de Montpellier, est solidaire du mouvement, comme de nombreux directeurs.

Il y a une vraie dégradation pour nos équipes. On a un taux d'encadrement à 0,60 alors qu'on devait être à 1 soignant pour 1 résident. Nous sommes loin de pouvoir garantir le respect de la dignité de la personne accueillie.

Réécoutez l'interview de Marina Secall Bersinger, invité de France Bleu Occitanie le 29 janvier.

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Une modification tarifaire qui inquiète

Ce qui inquiète aussi beaucoup, c'est la modification tarifaire issue de la loi sur le vieillissement de 2015. Jusqu’à présent, le budget des maisons de retraite était négocié avec le Conseil départemental et l’Agence régionale de santé (ARS), selon les particularités de la maison de retraite et de ses résidents. 

Mais à présent, les Départements doivent distribuer un budget dépendance moyen entre tous les Ehpad, sans tenir compte des disparités ou des statuts des établissements (public, associatif ou privé à but lucratif).

Les grands perdants, ce sont les établissements publics. La Fédération hospitalière de France (FHF) estime que les maisons de retraite publique vont perdre 200 millions d'euros.

Mais Monique Iborra, députée de La République en marche en Haute-Garonne, auteur d'un récent rapport sur les Ehpad , assure que le gouvernement va compenser les inégalités.

Sur les 100 millions votés dans la loi de Financement de la sécurité sociale, la Ministre de la Santé réserve 28 millions pour effacer ces disparités, donc on ne déshabille pas Pierre pour habiller Paul. - Monique Iborra, députée LREM

Agnès Buzyn a aussi promis 50 millions d'euros supplémentaires pour accompagner (sur le plan financier et technique) les petites maisons de retraite. "Ca fait trois heures d'accompagnement de plus par résident, c'est du saupoudrage", s'énerve Marina Secall Bersinger. Une position partagée par de nombreux professionnels. 

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