Migrants devant la gare de Grenoble : "le droit à l'hébergement n'est pas appliqué"
Depuis maintenant deux mois, une quarantaine de personnes vit dans un camp installé à deux pas de la gare de Grenoble. Des tentes et des palettes comme seule maison pour ces familles venues d'Europe centrale, qui n'ont pas accès à un hébergement d'urgence.

C'est devenu une image habituelle quand on sort de la gare de Grenoble. Des tentes, des palettes, des sacs de couchage et des enfants qui jouent dans la rue. Depuis deux mois, des familles venues d'Europe centrale se sont installées entre le cours Berriat et la gare. Elles sont désormais une quarantaine de personnes à vivre dans la rue ou sous un pont. Dans des conditions totalement insalubres.
La faim le jour, la peur la nuit
En sortant de la gare, il suffit de faire quelques pas pour apercevoir les tentes à l'entrée du passage qui mène au quartier Saint-Bruno. Si l'on s'aventure un peu plus loin, on en voit une dizaine sous un pont. C'est là que vivent près de quarante personnes, douze familles venues des Balkans. "Je suis là avec mes quatre enfants. Nous n'avons pas de toilettes, pas d'eau. Nous sommes stressés, nous avons peur", explique Ferat, qui dort là depuis deux mois.

Ces gens disent qu'ils ont quitté leurs pays, la Macédoine ou l'Albanie pour la plupart, pour échapper aux discriminations et à l'insécurité. Mais vivre sans toit, sans eau et sans chauffage, c'est pire. Surtout la nuit, quand les passants indifférents laissent place à des individus agressifs. "Ils sont ivres, ils ont des couteaux. Certains passent très vite en moto, à côté de mes enfants qui jouent. Pendant un mois je n'ai pas pu dormir...mais je n'ai nulle part où aller", nous dit Farat.
"Le droit n'est pas appliqué"
Du côté de la mairie, on assure sans faire de déclaration officielle que ces personnes relèvent du droit d'asile ou de l'hébergement d'urgence, et que des démarches sont engagées avec la préfecture pour les héberger. "Nous avons tous fait une demande d'asile mais nous n'avons pas d'hébergement", explique Sissa, arrivé au camp il y a 10 jours, en montrant un classeur qui regroupe leurs dossiers, "j'ai appelé le 115 lundi, on m'a dit de rappeler le lendemain. J'ai rappelé le lendemain, on m'a demandé de rappeler à 18 heures. Et quand j'appelle à nouveau...on me dit la même chose. Donc notre situation n'avance pas."

Une situation anormale, mais qui ne surprend pas la coordonnatrice du collectif Migrants en Isère, Monique Vuaillat : "le droit à l'hébergement est en théorie inscrit dans la loi mais il n'est pas appliqué. Il y a une grande proportion de demandeurs d'asile qui ne sont pas hébergés en France. On arrive bientôt au début de l'hiver, que va-t-il se passer ?"

Deux camps de réfugiés ont déjà été évacués cette année près de la gare, à l'angle du cours Berriat. Depuis, des rochers ont été placés à cet endroit par la mairie pour empêcher que d'autres ne viennent s'y installer. Au final, ça n'a fait que déplacer le problème. Ces pierres sont désormais ornées de visages hurlants, dessinés à la peinture noire.