- Accueil
- Provence-Alpes-Côte d'Azur
- Bouches-du-Rhône
- Infos
- Société
- "Le pape nous force à regarder la Méditerranée", pour Mgr Aveline, archevêque de Marseille
"Le pape nous force à regarder la Méditerranée", pour Mgr Aveline, archevêque de Marseille
INTERVIEW - En attendant le pape en fin de semaine à Marseille, Mgr Jean-Marc Aveline lance les Rencontres Méditerranéennes autour de la brûlante question des migrants. "La France ne peut pas détourner le regard" indique-t-il.

"Le pape qui rend visite à la Bonne mère, qui va brûler son cierge au milieu des autres, ce n'est pas rien. Cela faisait plusieurs siècles que ça ne nous était pas arrivé !" s'amuse Jean-Marc Aveline en prenant l'accent marseillais. Et que dire de la messe dans le temple du football ! "S'il va au stade, c'est comme s'il allait chez les gens, c'est comme s'il leur rendait visite". Monseigneur Aveline est frappé par "la joie dans les yeux des Marseillais comme des gamins huit jours avant Noël".
Marseille ville-message
"Ce que je sens, c'est que Marseille est plus qu'une ville, c'est un message. Dans toute identité, il y a toujours une part d'altérité. Et c'est grâce à ça qu'on peut être accueillant à l'autre" défend le fervent supporter de sa ville. Ces Rencontres sont en adéquation avec la vocation de Marseille. "Si ça peut montrer au monde que par-delà les clichés, elle a un message et qu'elle le vit, eh bien c'est gagné !"
En pleine crise migratoire de Lampedusa
Après Bari en 2020, puis Florence, Marseille est un tournant dans ce qui est à l'origine la rencontre d'une cinquantaine d'évêques des cinq rives de la Méditerranée. "Marseille doit donner une nouvelle impulsion". Et cela passe par les travaux de 70 jeunes de 25 pays qui vont plancher sur les quatre défis de ce bassin : la pauvreté, l'environnement, les migrations et les tensions géopolitiques.
L'un des moments forts dès l'arrivée du pape est ce recueillement devant la stèle pour les marins et migrants morts en mer, à côté de Notre-Dame-de-la-Garde. "Le contexte politique s'est beaucoup chargé ces dernières semaines. Mais après tout, c'est pas mal ! Cela permet à l'Église non pas de donner des leçons, mais d'être au service de la voix de ceux qu'on n'entend pas d'habitude". L'archevêque insiste sur la complexité de la question migratoire. "On ne résout pas les problèmes de l'immigration en disant simplement qu'il faut accueillir. Certes il faut accueillir, il faut accueillir en vue du bien commun. C'est le bien commun des migrants, mais aussi le bien de tous.
Ne pas regarder que le pape !
François est "impatient de se rendre à Marseille" nous confie son proche ami du Sud-Est. Et tout Marseille est également impatient. Mais, ces rencontres ne se limitent pas à la venue du Saint-père. Un festival avec pas moins d'une centaine d'animations a pour but "d'embarquer la ville", "le plus de monde possible". Marseille est "une étape dans un long pèlerinage qui a commencé il y a dix ans à Lampedusa. L'importance du respect de la dignité humaine est intangible dans la foi chrétienne. L'enjeu n'est pas de regarder le pape. Il ne vient pas pour ça. Il vient pour qu'avec lui on regarde la Méditerranée, qu'on voit les drames qui s'y nouent, et ses ressources".
Message religieux ou politique ? Certainement un peu des deux. Le président de la République, présent à la messe du Vélodrome, saura-t-il entendre ? "L'enjeu est que la France comprenne sa propre responsabilité. Nous avons une façade méditerranéenne importante. Elle ne peut pas détourner le regard".