Montreuil : une expulsion de travailleurs sans papiers à deux jours de la trêve hivernale
Le Préfet de Seine-Saint-Denis a ordonné aujourd'hui l'expulsion de travailleurs sans papiers qui logeaient dans les locaux de l'ex-AFPA. La préfecture a réquisitionné l'immeuble pour en faire un Tribunal Administratif. Entre 100 et 200 personnes sont à la rue, et le maire de la ville est furieux.

C'est une expulsion qui tombe (vraiment) au mauvais moment. A deux jours de la trêve hivernale, qui interdit toute forme d'expulsions de logement jusqu'au 31 mars 2020, le préfet de Seine-Saint-Denis a ordonné, aujourd'hui à Montreuil, que les travailleurs sans papiers des anciens locaux de l'AFPA - dans lesquels ils vivaient depuis un an - soient évacués. "Sans proposer de solution alternative" s'agace Patrice Bessac, le maire Front de Gauche de la ville.
Un acte arbitraire et scandaleux
L'histoire de ces travailleurs sans-papiers de la ville de Montreuil est pleine de péripéties. Il y a plus d'un an, ils logeaient, avec d'autres travailleurs en situation régulière, au sein du foyer Bara, "une ancienne usine devenue délabrée, insalubre et très dangereuse" indique le maire. Patrice Bessac a alors pris la décision, au mois d'octobre 2018, de les reloger dansles locaux de l'ex-AFPA (Agence Nationale pour la formation professionnelle des adultes, ndlr), vide depuis deux ans, "et bien plus salubre, leur garantissant une certaine sécurité" explique-t-il.
Lettre ouverte au Premier Ministre
Le problème : l'Etat, par le biais du préfet de Seine-Saint-Denis, veut récupérer ces bâtiments pour y implanter les futurs locaux du Tribunal administratif et de la Cour nationale du droit d'asile. La préfecture a donc pris la décision de réquisitionner les lieux. "Un acte arbitraire et scandaleux" s'exclame Patrice Bessac. "Montreuil a toujours défendu que dans le cas d'une fermeture du site de l'AFPA, les travailleurs migrants en situation administrative irrégulière devaient continuer à bénéficier d'un hébergement" poursuit-il.
Dans une lettre ouverte adressée au Premier Ministre, Edouard Philippe - en déplacement aujourd'hui en Seine-Saint-Denis pour faire des annonces sur les défaillances de l'Etat dans le département -, l'édile de Montreuil "appelle l'Etat à assumer pleinement son rôle et exige la mise à l'abri inconditionnelle de toutes les personnes qui étaient hébergées à l'AFPA, sous la responsabilité de l'association Coallia, missionnée par l'Etat".