Neuf enfants menacés d'expulsion : habitants et élus d'une commune bretonne se mobilisent devant leur école
Plus de 200 habitants de Laillé au sud de Rennes se mobilisent pour soutenir deux familles menacées d’expulsion. Les enfants sont scolarisés depuis de nombreuses années dans la commune. Parents, enseignants et élus se sont réunis mardi 24 novembre devant l’école et le collège de la commune.
Ils ont entre 3 et 16 ans. Ils vont à l'école maternelle, au primaire, au collège et au lycée. Rien ne les distingue des autres enfants de leur âge. Rien sauf la menace qui plane sur eux, celle de devoir quitter leurs amis, leur maison, leurs enseignants du jour au lendemain. Ces enfants sont pour certains nés en France. Leurs parents, des Géorgiens et des Tchétchènes sont sous le coup d'une OQTF, une obligation à quitter le territoire français. Ils ont épuisé tous les recours.
Dans cette commune de la métropole rennaise de 5000 habitants, la mobilisation se met en place depuis quelques jours pour que ces enfants, intégrés dans les écoles mais aussi dans différents clubs de sport, ne soient pas renvoyés dans des pays qu'ils ne connaissent pas. Une vidéo de soutien et une pétition circulent sur Internet.
Une mobilisation a eu lieu ce mardi après-midi devant l'école élémentaire de la commune, et une autre devant le collège public de Laillé.
"Laissez-nous nos amis" disent les petits bretons de cette commune proche de Rennes
Deux familles sont concernées par ces expulsions. La première est géorgienne. Anna y était sage-femme, Malkhaz était maçon. Après un changement de gouvernement et une répression politique, la famille fuit la Géorgie en 2016. Le mari, la mère enceinte et leurs trois enfants montent dans la remorque d’un camion. Le voyage dure quatre jours. Le passeur leur prendra tout l’or qu’ils ont pu réunir et gardera leurs passeports.
Arrivés en France, de demande d’asile politique en demande de régularisation, quatre années se sont écoulées. Les enfants ont aujourd'hui 3, 7, 9, 11 et 16 ans. Le petit dernier est né en France. L’aînée est en 1ère dans un lycée rennais. La sœur d’Anna et sa famille vivent en France depuis 2009. Anna a pris des cours de français pour s'intégrer elle aussi. Son souhait le plus cher : que ses enfants grandissent en sécurité et qu'elle puisse travailler en France pour être utile à ce pays qui les a accueillis. Et c'est avec émotion qu'elle regarde la mobilisation des habitants de la commune fédérés autour du collectif "Un p'tit coin de parapluie".
"Il n’y a pas de place pour moi en Tchétchénie. Je n’ai pas de maison, pas de famille là-bas »
Yakhita a fui la Tchétchénie il y a huit ans avec son mari et leurs trois enfants. La plus jeune avait deux mois. La sœur et le frère de Yakhita sont français. Ils avaient quitté le pays quelques années plus tôt lors de la première guerre de Tchétchénie. Depuis, ils ont depuis obtenu la nationalité française et vivent en Bretagne. Itinéraire différent pour la jeune mère qui a vécu pendant un an dans le squat de la Poterie, où elle restait souvent enfermée dans une pièce avec ses enfants pour éviter les conflits qui naissaient dans les couloirs.
Aujourd’hui, les enfants ont 12, 10, 8 et 5 ans. Le petit dernier est né en France. Le plus grand est au collège et a fait toute sa scolarité en Ille-et-Vilaine. Yakhita rêve d'un pays en paix pour ses enfants. Alors quand un terroriste tue un professeur mi-octobre, elle est sous le choc. Effondrée devant ces images insoutenables qui lui rappellent la barbarie qu’elle a connue autrefois.