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#Noustoutes : le témoignage de Mélina, prostituée de force à Rennes
Selon l’Organisation des Nations unies, une femme sur trois subira des violences au cours de sa vie. Mélina a connu l'horreur: elle a été prostituée de force pendant quatre mois à Rennes. Elle témoigne pour la première fois.

Partout en France, des manifestations contre les violences faites aux femmes sont organisées, ce samedi, à l'appel d'un collectif #noustoutes. En France, chaque jour plus de 250 femmes sont violées. Mélina a été violée 412 fois pendant quatre mois, prostituée de force dans un bar de Rennes, bar qui n'existe plus aujourd'hui.
J'ai été naïve, aveugle même
C'était il y a trois ans, elle avait 21 ans. Elle arrivait de Normandie pour suivre une formation en alternance dans la restauration à Rennes. Elle trouve un contrat de professionnalisation dans un bar. Très vite, la patronne lui propose un CDI que la jeune fille accepte. "J'ai été naïve, aveugle même, trop contente d'avoir un CDI.". Le mois d'essai passé, la gérante ordonne à Mélina de passer du bar aux salons qu'elle découvre: "J'ai refusé mais ils sont venus à plusieurs chez moi et ils m'ont menacée, frappée.". Et là, la jeune femme se retrouve séquestrée dans cette maison de passe. "J'ai subi des passes avec des clients violents, j'ai été forcé à boire et j'ai du faire la mule pour livrer de la cocaïne. Quand je disais non, la patronne me donnait des coups, me brûlait les mains, les cuisses avec des cigarettes.".
J'ai été blessée, gravement abîmée à l'intérieur
Mélina est là, dans ces salons, 24h sur 24h. Elle y dort. "Les clients arrivaient à partir de 14h et repartaient vers 1h mais, s'ils payaient plus chers, ils restaient jusqu'à 5h, 7h. J'avais juste le temps de courir aux toilettes et de me donner un coup de lingette.". La tenancière tient un cahier de comptes. D'où le chiffre de 412 passes, en quatre mois. "Et même quand j'ai été blessée, gravement abîmée à l'intérieur, un médecin qui devait être au courant m'a soignée et j'ai été contrainte de continuer. J'ai juste pu arrêter la pratique de la sodomie.". On lui demande tout et l'inimaginable. "J'avais un client qui me demandait de lui déféquer dessus. J'avais beau être saoule, je ne pouvais pas. Et du coup, il me fistait de force et, des fois, avec le culot de la bouteille de champagne.".
Je n'ai pas décuvé pendant quatre mois
Cette horreur s'arrête au bout de quatre mois. Ses parents qui ignorent tout la contactent pour un décès dans sa famille. La patronne du bar refuse qu'elle se rende à l'enterrement. Son père vient alors la chercher. "Il a dit: je prends ma fille.". Mais ses parents ne savent pas, encore aujourd'hui, tout ce qu'elle a subi. "Je ne veux pas leur faire de la peine et ma mère est très fragile." Mélina reste quelques mois chez eux, "déjà pour me sevrer de l'alcool. Je n'ai pas décuvé pendant les quatre mois.". Puis Mélina les quitte pour prendre un appartement dans les environs de Rennes mais elle ne peut plus sortir de chez elle. "J'avais l'impression que sur mon front était écrit ce que j'avais vécu.".
Mon corps, c'est comme s'il est mort
Elle reste enfermée et se fait même livrer ses courses. Elle ne fait plus rien de sa vie. "J'ai mis trois ans à comprendre que je ne pouvais pas m'en sortir seule. J'ai fait une tentative de suicide et on m'a emmené à l'hôpital Guillaume Régnier. C'est là que j'ai compris que j'avais besoin d'aide et d'un traitement.". Aujourd'hui, la jeune femme n'a plus de rapport sexuel. "Je n'y arrive plus même si je suis avec un homme aimant comme actuellement. Quand il me touche, ça recommence. Mon corps, c'est comme s'il est mort."
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