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Paris : le retour d'un campement d'exilés boulevard de la Chapelle
Un mois et demi après la violente évacuation de la place de la République, de petits groupes d'exilés sont à nouveau installés dans Paris ou continuent d'errer en périphérie, au gré des évacuations et de la météo. Une situation qui rend le travail des associations presque impossible.

L'histoire se répète entre le boulevard de la Chapelle et la place Stalingrad dans le nord parisien. Quelques tentes sont à nouveau visibles la nuit venue sous le métro aérien. Mais la situation a peu à voir avec les campements que le quartier a connu en 2015. Désormais, pour pouvoir se déplacer rapidement et éviter de se faire repérer par les forces de l'ordre, les exilés ne s'installent que par petits groupes de 5 ou 6 personnes. En Seine-Saint-Denis, à Aubervilliers, Saint-Ouen et Saint-Denis, la situation est comparable depuis la mi-novembre. "Les exilés sont _systématiquement délogés par la police__, ils restent donc peu de temps au même endroit_" raconte Kerill, le coordinateur de l'antenne parisienne de l'association Utopia 56. Il estime qu'environ 400 migrants sont en ce moment à la rue en Île-de-France, "sans compter tous les très mal logés, qui vivent dans des squats comme à Saint-Denis."
Des mises à l'abri au retour à la rue
La dispersion de ces exilés sur le territoire complique le travail des acteurs associatifs, à la fois pour identifier les besoins des exilés mais aussi assurer leur suivi, notamment sur le plan administratif. Yann Manzi est le cofondateur d'Utopia 56, il dénonce la volonté des autorités d'invisibiliser les conditions de vie des exilés en les éloignant chaque fois davantage de Paris. Selon lui, les quelques tentes visibles dans le nord de la capitale n'attestent pas de l'arrivée de nouveaux exilés :
Il s'agit le plus souvent de remises à la rue, ces gens sont sur le territoire depuis des années mais n'ont aucune solution de prise en charge.
L'association continue d'organiser des maraudes tous les jours, même s'il est devenu très difficile de repérer tous les lieux de vie des migrants. "Récemment on a même retrouvé une tente lacérée, c'est une pratique fréquente à Calais mais jusqu'ici très rare à Paris" précise Kerill. Pour lui, la ville frontière avec le Royaume-Uni a servi de laboratoire des politiques migratoires aujourd'hui appliquées en région parisienne.
Pourtant, 130 élus locaux ont affiché leur volonté d'améliorer l'accueil des exilés en Île-de-France dans une tribune parue la semaine dernière dans le journal Le Monde. Ils réclament une conférence régionale de l'accueil avec les services de l'Etat, les associations et les collectivités locales. Ils appellent aussi à renforcer l'aide alimentaire et l'accès aux soins des personnes migrantes ainsi que des mesures de régularisation étendue.
"C'est un bon début, mais nous on attend des actions concrètes" réagit Kerill, persuadé que des solutions peuvent être trouvées à l'échelle locale.