Paris : une vingtaine de familles investissent un ancien commissariat du 2e arrondissement
Une quarantaine de personnes, sans-abri et militants de l'association Droit au logement (DAL), occupent depuis quelques jours un ancien commissariat du centre de Paris, vacant depuis l'été, pour réclamer un logement. Les 3 000 mètres carrés sont vides depuis près de 6 mois.
Deux banderoles jaunes décorent désormais la façade de ce bâtiment de plusieurs étages, situé rue du Croissant dans le IIe arrondissement de Paris. Elles proclament "Sans logis : Réquisition" et "2019 - 3,1 millions de logements vides - 445 mort.e.s dans la rue". Les premières familles ont commencé à s'installer dans le bâtiment "lundi", a affirmé Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL. L'association "soutient" l'occupation mais n'en est "pas à l'origine", explique-t-il.
"Louer auprès des agences de location, c'est impossible : il faut deux garants, trois loyers d'avance, je ne peux pas !" - Younes, père de famille
Quelques matelas ont été posés dans une grande salle au premier étage de cet immeuble, pourvu de douches et d'électricité. Autour, les salles vides se suivent, contrastant avec les familles qui viennent pour certaines de la rue. Plusieurs de ces personnes travaillent, mais ils n'arrivent pas actuellement à se loger, comme Younes. Cela fait plus de deux ans qu'il est à la rue avec sa femme et ses trois enfants : "ils ont 2 ans, 3 ans et 10 ans, ils sont à l'école à Voltaire", explique le père de famille, âgé d'une quarantaine d'année. "Je travaille dans la sécurité, mais je ne gagne pas beaucoup c'est la galère. Parfois j'arrive à louer au noir, chez des magasins qui ont des appartements, mais louer chez des agences de location, c'est impossible, il faut deux garants, trois mois de loyer d'avance, je ne peux pas !" se désespère ce Français d'origine algérienne. "Mes grands-parents étaient en Algérie et ont combattu pour la France lors des deux guerres Mondiales, moi je paie mes impôts en France, etc... donc j'aimerais juste que le gouvernement nous regarde un peu".
La mairie d'arrondissement en soutien
"Peut-être que le propriétaire va se manifester quand il entendra parler de cette occupation. C'est une façon d’interpeller l'Etat et le gouvernement alors qu'on a jamais compté autant de logements vacants dans notre pays" explique de son côté Jean-Baptiste Eyraud. "Ce que nous souhaitons, c'est que l'ensemble de ces familles soient relogées. Ces familles sans logis, pour beaucoup, travaillent, ont fait une demande de logement social, etc...".
Le maire du 2e arrondissement, Jacques Boutault, était également présent en soutien. Selon lui, plus d'un quart des logements sont vacants dans son arrondissement (26%).