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"Personne ne veut des Roms près de chez lui, mais il en va de l'intérêt général" pour le préfet de l'Hérault
Le préfet de l'Hérault, Hugues Moutouh, répondait ce mardi matin sur France Bleu Hérault aux inquiétudes des riverains du quartier de la Rauze à Montpellier, où doivent emménager début mars dans un village de transition. les habitants du bidonville de Celleneuve.

C'est un des sujets sensibles du moment à Montpellier, le futur démantèlement du camp rom de Celleneuve. Quelque 250 personnes, dont une petit centaine de mineurs, seront relogées en mars prochain dans un village dit "village de transition", à la frontière de Montpellier et Lattes, dans le quartier de la Rauze.
Une opération conduite par la préfecture de l'Hérault, et qui essuie au passage pas mal de critiques. Hugues Moutouh, le préfet de l'Hérault, était l'invité de France Bleu Hérault ce mardi matin pour présenter les grandes lignes et répondre aussi aux polémiques et oppositions qui entourent ce projet.
Avec le démantèlement du camp de Celleneuve, vous continuez à faire le ménage, comme vous l'aviez dit à l'époque ?
C'est un projet d'intérêt général d'une ampleur totalement inédite, par les moyens qui sont mis en œuvre : trois millions d'euros pour les deux années que durera cette transition et par les précautions qui sont prises pour l'environnement et le voisinage.
Pourquoi ce terrain à la frontière entre Montpellier et Lattes ? Certains disent que la Ville a été contrainte de trouver un terrain un peu à la hâte, un peu dans la précipitation ?
Ça fait plusieurs mois que nous travaillons avec les équipes de la Ville pour trouver ce terrain. C'est un terrain dont la Ville fera l'acquisition avec des projets d'aménagements ultérieurs après les deux années d'occupation par le village de transition. Le calendrier, c'est avant la fin du mois de mars 2022, il n'y aura plus de bidonvilles à Celleneuve et il y aura ce village de transition. C'est un hébergement collectif transitoire pour 165 personnes, pas une de plus.
"L'intérêt général peut irriter ou contrarier quelques intérêts particuliers."
Ce village de transition n'est pas encore ouvert, mais suscite déjà une très très forte opposition des riverains qui ont manifesté à plusieurs reprises. Les riverains regrettent qu'on ne leur ait pas demandé leur avis, qu'on les mette devant le fait accompli.
Vous savez, c'est toujours des décisions qui sont difficiles à prendre, mais c'est un projet d'intérêt général. J'assume de défendre l'intérêt général et l'intérêt général peut irriter ou contrarier quelques intérêts particuliers. Et j'écoute avec beaucoup d'intérêt. Nous avons reçus les riverains. Je vais vous dire les choses très franchement, personne ne veut de Roms à côté de chez lui.
Mais c'est un village de transition parce qu'ils ne seront là que momentanément. Dans un second temps, par l'aide que nous leur apportons, je rappelle que nous débloqueront 1,5 million par an pendant deux ans. Nous avons un budget de trois millions et que cet argent va servir pour l'accompagnement individualisé, les familles que nous allons accueillir dans ce village de transit.
"Un protocole de sécurité inédit : des droits et des devoirs, et une participation citoyenne."
Cyril Meunier, le maire de Lattes, explique qu'il va y avoir des morts en raison de l'insécurité routière aux abords du village
Vous savez, les propos excessifs n'engagent que leurs auteurs. Moi, je vous dis simplement que nous avons mis en place un protocole de sécurité totalement inédit qui repose à la fois par l'existence d'un règlement intérieur au village avec la signature de conventions. Il y a une liste de droits et une liste importante de devoirs. Et à partir du moment où il y aura faute de la part des résidents de ce village transitoire, il y aura exclusion. Et ce règlement intérieur et ces conventions, elles ont été discutées avec les futurs résidents du village. C'est le premier point.
Deuxième point j'ai proposé au maire de Lattes (qu'il a accepté) de signer un protocole de participation citoyenne. C'est l'ancien système des Voisins vigilants, avec la désignation d'un référent d'alerte permanente avec le Commissariat. Troisièmement, enfin, nous allons multiplier les patrouilles.
Il y aura donc des contrôles, une surveillance ?
Dans le système qui est prévu, 14 personnes vont vivre en permanence sur le site à côté des Roms. C'est la première chose. Ils viendront travailler le matin et repartiront en fin de journée. Et ensuite, vous avez un gardiennage 24 heures sur 24 avec deux gardiens qui seront à l'intérieur du camp de transition. Il y aura des meublés de 15 mètres carrés pour les personnes seules, et jusqu'à 65 mètres carrés pour les familles.
Des conditions de vie beaucoup plus dignes. Mais il y a aussi des contreparties. Vous demandez à ces familles de s'engager à suivre des formations, à scolariser leurs enfants et elles acceptent ?
Oui, absolument. Pour intégrer ce village de transition, les adultes qui sont en capacité de le faire doivent suivre des formations Pôle emploi ou Mission locale. Les enfants doivent être scolarisés régulièrement. On ne doit pas s'absenter du village en dehors des vacances scolaires parce que nous souhaitons une insertion économique et sociale de chacune de ces 165 personnes.
Alors, qu'adviendra-t-il de ceux qui refusent ?
Vous avez des personnes qui sont en situation irrégulière. Elles n'ont pas vocation à rester sur le territoire national et nous les reconduirons à l'étranger, dans leur pays d'origine, c'est à dire la Roumanie. Ensuite, vous avez des gens qui sont déjà en capacité de rejoindre le parc locatif social de droit commun, les HLM. Ces gens là partiront d'ici le mois de mars. Ça fait quand même plusieurs mois que nous travaillons dessus. Ce n'est pas une décision qui est prise de façon arbitraire en quelques en quelques jours. Ça fait plusieurs mois que nous avons que nous animons des groupes de travail avec les administrations, avec les associations. C'est un projet d'envergure et d'intérêt général.
Vous dites, tout cela est temporaire, mais c'est quand même prévu pour deux ans. C'est long. Les gens peuvent s'installe peut-être ?
L'objectif c'est l'insertion économique et sociale de ces personnes. L'État français n'a pas vocation à construire durablement des villages roms sur le territoire national. Il y a suffisamment de villages en Roumanie. Nous ne sommes pas là pour ça. Nous souhaitons intégrer et insérer dans la société chaque personne qui arrive sur le territoire.
Les bidonvilles de Montpellier auront tous été démantelés avant l'arrivée du printemps ?
J'ai été très clair, quand je suis arrivé, je démantèlerai l'ensemble des campements de Roms illégaux, des bidonvilles et des squats. J'essaye de le faire à un rythme régulier en proposant des solutions de relogement à toutes les personnes qui sont concernées. J'applique la loi.