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[PORTRAIT] Abdelkader Abbad, un des derniers harkis mayennais

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Il a répondu présent pour lever le drapeau français lors de la cérémonie d'hommage aux harkis ce mercredi. 57 ans après l'indépendance de l'Algérie, Abdelkader Abbad est un des derniers mayennais à avoir vécu le rapatriement en France lors des accords d'Evian en 1962.

Abdelkader Abbad (à gauche) est un des tout derniers harkis installés en Mayenne
Abdelkader Abbad (à gauche) est un des tout derniers harkis installés en Mayenne © Radio France - Morgane Heuclin-Reffait

C'est par accident qu'il est arrivé en Mayenne en 1963. "Normalement je devais aller à Evreux dans l'Eure, mais j'ai pris le train pour Evron !", lance Abdelkader Abbad, les yeux rieurs. Depuis, il n'a plus quitté Laval. C'est ici qu'il a reconstruit sa vie après la guerre d'Algérie et son rapatriement en France. Impossible de rester là-bas pour lui qui a servi dans l'armée française.

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Un an caché pour éviter les exactions

Lorsque l'indépendance est déclarée, Abdelkader Abbad est stationné à la caserne de Boghari, 150 kilomètres au sud d'Alger. "Je suis parti me cacher pendant treize mois dans les montagnes__, explique-t-il. Surtout la nuit, car c'est là qu'on était visé. Je repassais parfois par la maison et j'emmenais à manger pour deux ou trois jours"

C'est par un coup de chance, en croisant son commandant, qu'il réussit à partir. "En redescendant à Boghari, il est passé à côté de moi en Jeep, indique-t-il. Il m'a demandé si je voulais partir pour la France et j'ai dit oui. Il m'a trouvé une tenue, il s'est occupé des papiers... Il a tout fait pour moi !__", explique-t-il. 

Des proches victimes

C'est seul qu'il quitte le territoire algérien. "L'armée est allée voir ma femme, elle n'a pas voulu suivre_,_ indique Abdelkader Abbad. L'année suivante, on m'a annoncé qu'elle avait été tuée, comme notre petite fille de deux ans". "On est retourné plusieurs fois en Algérie, dès 1972, pour tenter de savoir qui les avait tuées, explique sa nouvelle épouse Madeleine, rencontrée en France. On n'a jamais réussi à le savoir, on ne sait même pas où elles sont enterrées__".

"Ça fait mal au cœur, souffle l'ancien harki. J'ai des frères et mon oncle qui ont été tués là-bas dans les années suivantes". Même chose pour ses camarades de l'armée. "Beaucoup de copains sont morts là-bas, explique-t-il. Ils étaient tous regroupés dans un quartier et il n'en reste plus qu'un ou deux".

Faire une croix sur le retour

"Quand j'y suis revenu la première fois, ma famille m'a dit de ne pas rester car j'étais recherché__", précise-t-il. Il explique avoir été arrêté et questionné plusieurs heures par les douanes algériennes. "Ils m'ont repéré et m'ont demandé combien de membres du FLN (Front de Libération National) j'avais tué, raconte-t-il. Ils m'ont gardé dans un bureau pendant cinq heures, jusqu'à ce que ma femme menace d'appeler l'ambassade de France".

"On a décidé de ne plus y retourner, lâche Madeleine. Même si on ignore toujours ce qu'il s'est passé pour sa famille, car ils ont peur de parler là-bas. C'était trop dangereux". Abdelkader Abbad a définitivement renoncé à retourner sur sa terre natale.

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