Précarité étudiante : "hors de question que je fasse deux ans de plus dans cette situation-là"
Une manifestation a lieu ce jeudi midi, à Chambéry, pour dénoncer la situation financière et psychologique des jeunes. Sur le campus du Bourget-du-Lac, en Savoie, le quotidien devient de plus en plus pesant.
Plusieurs organisations d'Auvergne-Rhône-Alpes (Echarde, Génération Covid, Unef, Idexit, OSE-CGT, UEG, MDSE Auvergne, Solidaires étudiantes) appellent les étudiants de la région à se rassembler jeudi à 12 heures, pour alerter le gouvernement sur la situation préoccupantes des étudiants. A Chambéry, le rendez-vous est devant la présidence de l'Université Savoie Mont Blanc, au 27 rue Marcoz.
"Je vis dans un 12 mètres carrés"
Le quotidien est de plus en plus dur pour les étudiants. Le campus universitaire du Bourget-du-Lac (Savoie) est presque désert... Sauf devant le restaurant universitaire "L'Hélice". C'est ici que plusieurs étudiants font la queue. "C'est notre sortie du jour", s'amusent Thomas et Robin. Ils vivent tous les deux dans une résidence universitaire.
"J'ai 12m2... J'y dors, j'y mange, j'y bosse, puis j'y re-dors, re-mange, re-bosse... C'est de la merde", raconte Thomas. C'est pour ça qu'il vient manger avec son ami : prendre l'air et avoir du contact social. C'est aussi le cas de Dorine, Camille, Clara et Jade, un groupe d'amies étudiantes. "Dans notre appartement on est tout seul, on marche, on fait des allers-retours... _C'est dur_", confie l'une d'entre elle.
"Beaucoup de politiques parlent des étudiants comme si le covid était de leur faute, parce qu'ils font la fête. Mais ils ne parlent pas beaucoup des étudiants qui sont en train de se suicider dans leur appartement parce qu'ils n'en peuvent plus." - Dorine, 21 ans"
Aller au restau U a un autre avantage... d'ordre financier. _"Le repas me coûte un euro_ parce que je suis boursière. Je viens aussi récupérer un panier le soir... Je mange pour 2 euros par jour !" détaille Léa. Mais certains étudiants ne peuvent quand même pas financer leurs besoins essentiels. "Sur le campus, j'ai rencontré une fille qui m'a demandé des protections hygiéniques... _on en est là ! A galérer même pour s'acheter des serviettes"_, raconte Jade.
"On est en train de décrocher"
Difficile de s'accrocher à ses études dans des conditions précaires. Encore plus lorsqu'il faut suivre ses cours derrière son ordinateur, enfermé dans son 12m2. Pour le groupe d'étudiantes, il y a de l'injustice : "Les lycéens vont en cours parce qu'ils partent du principe qu'ils sont plus jeunes, donc moins autonomes. _Mais personne ne prendre en compte le fait qu'en licence, on est en train de décrocher_."
Jade s'apprête à arrêter ses études de valorisation des espaces et produits montagnards. "En arrivant en licence, je voulais poursuivre jusqu'au Master. Mais là, clairement, c'est hors de question que je fasse encore deux ans dans cette situation-là, c'est impossible." L'étudiante se retrouvera sur le marché du travail dès cet été. Les manifestations prévues ce jeudi en Auvergne-Rhône-Alpes sont organisées pour dénoncer cette situation, et tenter d'y mettre fin.