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Quatre ans après le meurtre de Théo à Chambon-sur-Voueize, la maman témoigne

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Le 20 août 2016, Théo, un jeune homme de 18 ans a été tué à Chambon-sur-Voueize. Il était en vacances chez son papa et pour un simple regard insistant, un voisin a déclenché une altercation, puis a tiré sur le jeune homme à bout portant. Quatre ans après, la maman de Théo a souhaité témoigner.

Roselyse Benyakar, la maman de Théo, tué d'un coup de fusil par le voisin de son papa, à Chambon-sur-Voueize en 2016. Roselyse Benyakar, la maman de Théo, tué d'un coup de fusil par le voisin de son papa, à Chambon-sur-Voueize en 2016.
Roselyse Benyakar, la maman de Théo, tué d'un coup de fusil par le voisin de son papa, à Chambon-sur-Voueize en 2016. - La famille de Théo

Pour la famille de Théo, la date du 20 août représente chaque année une épreuve supplémentaire. Le 20 août 2016, le jeune homme de 18 ans a été tué à Chambon-sur-Voueize, dans l'est de la Creuse. Résidant de Claret, dans l'Hérault, il était en vacances chez son papa. Suite à un simple regard insistant, un voisin a déclenché une altercation, a sorti son fusil et a tiré à bout portant sur le jeune homme. Le meurtrier a été condamné à 20 ans de prison, en janvier 2019.

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Cette année, le 20 août 2020, la maman de Théo a souhaité témoigner. Quatre ans après le meurtre de son fils, Roselyse Benyakar évoque la souffrance qu'elle et ses proches ressentent. Elle tenait aussi à souligner la nécessité de mieux contrôler la circulation et la détention d'armes en France.

Supporter l'insupportable

Dans le hall de la résidence de Chambon-sur-Voueize, où Théo a été tué, un petit autel est dressé à sa mémoire. Sur une commode, un bouquet de fleurs, une bougie et des photos rappellent que de nombreuses personnes tenaient à Théo

L'autel en mémoire de Théo dans la résidence de Chambon-sur-Voueize.
L'autel en mémoire de Théo dans la résidence de Chambon-sur-Voueize. - la famille de Théo

Pour Roselyse Benyakar, la souffrance est vive : "Nous les parents, ainsi que la fratrie, nous devons supporter le choc, le traumatisme, la douleur, le manque de plus en plus fort de Théo, et pourtant la vie doit continuer pour nos autres enfants". Cette habitante de l'Hérault rappelle que les familles endeuillées ont besoin de temps pour "se réinsérer dans la vie. Parce que nous perdons l'innocence et la légèreté". 

La solitude des familles endeuillées

Les témoignages écrits des autres parents endeuillés, l'avocat de la famille, les associations de familles endeuillées et d'aide aux victimes ont apporté une aide précieuse à la mère de Théo : "mais en dehors de ces structures, o_n sent que les gens ont des attentes vis à vis de nous,_ déplore-t-elle, ce sont des attentes liées à l'ignorance de ce qu'est le deuil d'un enfant". 

La mort d'un enfant, c'est un tabou social

Quelques mois après la mort de Théo, elle a constaté que certaines personnes établissaient une distance, devenaient fuyantes, ou répondaient par un silence gêné, lorsqu'elle mentionnait son fils disparu: "La mort d'un enfant, c'est une épreuve si terrible, que les gens agissent parfois comme si c'était contagieux, regrette-t-elle, on est obligé de vivre tout ça, et on en souffre". 

Les photos en hommage à Théo, dans le hall de la résidence où il a été tué
Les photos en hommage à Théo, dans le hall de la résidence où il a été tué - La famille de Théo

Un message contre les armes en France

Récemment, Roselyse Benyakar a manifesté avec d'autres familles endeuillées, munies d'affiches portant ce slogan "les armes tuent nos enfants". La maman de Théo se positionne en effet contre la délivrance des ports d'armes pour les particuliers. 

Elle souhaite aussi plus de contrôles, notamment chez les chasseurs : "trop de Français ont des armes chez eux. Les professionnels, c'est un cas à part car ils ont leurs propres suivis, estime-t-elle, mais pour ce qui est des autres personnes, il devrait y avoir plus de recensements, plus de contrôles". 

Il faut savoir combien il y a d'armes en France, qui a une arme, et à quel titre cette personne à une arme

"Evidemment, on pourrait dire qu'en France, ce n'est pas comme aux Etats-Unis", reconnait Roselyse Benyakar, elle ajoute : "Aux Etats-Unis, il y a énormément de groupes de parents endeuillés d'enfants assassinés, alors qu'en France il n'y en a qu'un." La maman de Théo en tire cette conclusion : "On voit à travers l'exemple des Etats-Unis que le port d'arme est grave. Plus il y a d'armes en détention chez les gens, ou d'autorisation de port d'armes, plus il y a de risques de mort d'enfant". 

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