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Que pensent les Algériens de Nice des manifestations anti-Bouteflika ?

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Des manifestations ont lieu depuis plusieurs jours en Algérie pour protester contre un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, âgé de 81 ans. À Nice, la communauté algérienne observe cette mobilisation populaire d'un œil circonspect.

Manifestation d'étudiants à Alger contre la candidature d'Abdelaziz Bouteflika
Manifestation d'étudiants à Alger contre la candidature d'Abdelaziz Bouteflika © Maxppp - Adel Sherei

Des dizaines de milliers de personnes descendent dans la rue en Algérie, depuis le 20 février, pour s’opposer à la candidature pour un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, très affaibli depuis un accident vasculaire cérébral en 2013. En annonçant son intention de déposer sa candidature pour l'élection présidentielle d'avril prochain, le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 1999 a déclenché une contestation inédite de par son ampleur nationale. 

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"On ne sait même plus si on a un président"

À Nice, la communauté algérienne a un point de vue nuancé sur les événements en Algérie et le mouvement populaire, cela dépend notamment des générations. Les plus jeunes voient en cette candidature de Bouteflika une provocation. Des appels à manifester sont relayés sur les réseaux sociaux, Yasmine, jeune algérienne qui vit à Nice depuis 3 ans reçoit des messages : "je viens de recevoir des vidéos, les manifestations restent pour l'instant pacifistes mais tout le pays est contre cette candidature, il est malade, on ne voit plus le président, on ne sait même plus si on a un président."

Qui prend réellement les décisions ? s'interroge Fayçal, franco-algérien, il habite Nice depuis 2000 et rentre tout juste d'Alger où il a observé les manifestations : "je connais des gens qui manifestent, ils n'appartiennent ni à des partis ni à des mouvements violents, c'est une révolte populaire, les gens disent : nous cherchons notre président". 

La crainte de l'après Bouteflika

Dimanche dernier, des Algériens se sont rassemblés à Marseille et Paris mais le mouvement peine à rassembler dans la diaspora. Nadia vit à Nice depuis 2006, elle est engagée dans la défense des droits humains, elle comprend ce soulèvement "car la situation n'est plus tenable" reconnait-elle, mais perçoit ce mouvement avec appréhension, au regard de l'histoire : "le peuple algérien s'il met du temps à réagir c'est qu'il est conscient du risque.  Les printemps arabes n'ont pas apporté la démocratie. Dans les années 90, nous avons dit non au parti unique, on a récolté la guerre civile, le terrorisme." Ce mouvement peut déboucher sur un double risque selon elle, celui de l'ingérence étrangère et celui la prise de pouvoir par des mouvements islamistes. 

"Cette crainte est en train d'être dépassée", selon Paul Euzière, auteur Grassois, qui a écrit plusieurs ouvrages sur l'Algérie. "La décennie noire a marqué la psychologie nationale des Algériens qui sont prudents par rapport à toute déstabilisation mais là ce qui domine c'est l'opposition au cinquième mandat."

"Les Algériens ont dépassé la peur"

Yasmina Touaibia, chercheuse en sciences politiques à Nice, ne perd pas une miette du mouvement populaire, elle s'est même rendue à Alger depuis le 21 février, "l_es manifestations sont interdites, et c'est la première fois depuis une vingtaine d'années que la population sort massivement sans répression dans les rues. Les Algériens ont dépassé la peur, la mobilisation pose aussi la question du système politique algérien, de la place des partis politiques d'opposition_." Elle décrit des manifestations qui rassemblent, une opinion publique qui a du mal à faire confiance aux partis, aux hommes politiques. Pendant ce temps, le gouvernement algérien continue d'affirmer que les urnes trancheront en avril, sans écarter pour le moment la candidature de Bouteflika. 

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