Saintes : ils vont passer Noël, les pieds dans l'eau
Quelques centaines d'habitants vont passer Noël, les pieds dans l'eau à Saintes. La crue de la Charente s'est arrêtée pour l'instant aux portes de leurs habitations. Pour en sortir, ils doivent marcher en équilibre sur des madriers. Les plus agés préfèrent rester chez eux.

Ce Noël il n'y aura pas de sapin chez Maryse, une habitante de la rue Pont Amillon près de l'Abbaye aux Dames à Saintes : "Je n'avais pas acheté de sapin, je me disais que j'irais en chercher un à la dernière minute, et puis voilà" dit-elle. Depuis une semaine la Charente a débordé de son lit, l'eau a envahi le jardin de Maryse qui est obligée de passer sur des madriers (des planches de bois installées par la mairie) pour sortir de chez elle. Impossible avec un sapin, d'autant que Maryse est handicapée. Elle a tout de même rempli par anticipation ses congélateurs et réveillonnera avec son fils qui vient d'arriver.

Les madriers, c'est un peu dangereux dit Josette, 75 ans qui marche avec une canne
Plusieurs maisons des rues Pont Amillon, et petite rue Pont Amillon, ainsi que de la rue de Taillebourg (en contrebas de la gare) sont fermées. Les habitants ont préféré partir, ou avaient prévu de passer les fêtes ailleurs. Il reste beaucoup de personnes agées qui se débrouillent comme elles peuvent au quotidien.

"Depuis lundi dernier, je ne sors pas d'ici" dit Josette, 75 ans opérée il y a deux mois, elle marche avec une canne : "les madriers, c'est un peu dangereux" ! Josette est ravitaillée par ses enfants qui habitent un autre quartier de Saintes. Elle passera Noël chez eux, elle a déjà demandé l'accord de ses voisins pour pouvoir utiliser un passage, au fond de son jardin et sortir de chez elle.

Les habitants de ces rues proche du fleuve Charente à Saintes savent qu'ils vivent en zone inondable : "bâtir sur pilotis, c'était la condition pour obtenir le permis de construire" explique Jacky dont la maison est à 2 mètres du sol, rue Pont Amillon. Il a regardé l'eau monter et légèrement redescendre depuis vendredi avec philosophie "ça n'arrive pas tous les ans quand même". En 5 ans, il a tout de même vu le fleuve déborder 2 fois, mais "aujourd’hui c'est un petit peu plus haut que précédemment".

Benjamin qui vit rue Taillebourg s'amuse un peu de la situation : "on dirait une petite Venise". D'un coté le fleuve qui s'est répandu dans les champs, de l'autre la rue inondée. "on a juste acheté des bottes, c'est sympa" ajoute le jeune homme qui a emménagé depuis quelques années seulement. Pourtant, il s'interroge : "Je ne sais pas si on va rester là longtemps, vivre dans l'attente que l'eau monte ou pas, c'est un peu stressant"
