Salles de gym et discothèques : les grandes oubliées du déconfinement en Creuse
Alors que l'économie redémarre progressivement après la crise sanitaire, certains secteurs économiques restent à l'arrêt. Ainsi les salles de sport ou encore les discothèques n'ont toujours pas le droit de rouvrir. Leur situation financière est très compliquée.
Malgré le début du déconfinement, certaines entreprises n'ont toujours pas redémarré. Le Gouvernement a largement communiqué sur le sort des restaurants et des cafés, qui devraient (normalement) rouvrir le 2 juin. Mais derrière ces enseignes emblématiques, d'autres secteurs d'activités sont toujours à l'arrêt forcé. C'est le cas des salles de sport, des discothèques, des piscines ou encore des cinémas.
Après plus de deux mois de fermeture, les gérants creusois se retrouvent en grande difficulté. Ils espèrent pouvoir rouvrir en juin, mais n'ont aucune certitude.
Dans les salles de sport : un chiffre d'affaire en chute libre
Les salles de sport viennent de passer deux mois quasiment à l'arrêt. Dès le samedi 14 mars, ils ont eu ordre de fermer leur établissement. Bien souvent les clients ont fait preuve de solidarité pour le premier mois. Mais les abonnements mensuels n'ont pas été renouvelés par la suite. Certains ont aussi demandé des remboursements. Parallèlement les gérants ont dû continuer de payer les charges fixes comme le loyer, les emprunts éventuels ou les salaires du personnel.
Erwan Loison, le gérant de la salle Crossfit viking spirit à Guéret ne tourne pas autour du pot :
S'il fallait que ça dure un mois supplémentaire on serait vraiment dans la panade
Le jeune homme a dû mettre ses deux salariés au chômage partiel. Lui-même ne se dégage aucun salaire : "On n'a pas une trésorerie qui crève le plafond, donc là nous sommes en train de taper dans les réserves". Il espère que sa jeune entreprise, qui a moins de trois ans, pourra se relever.
Dans le quartier de la gare, Sandra Méritet tient Ladies studio, une salle de gym dédiée aux femmes. Cette période d'inactivité pèse aussi sur l'équilibre financier de son entreprise : "On a des pertes de chiffre d'affaire de 50 à 70%", a-t-elle calculé.
Depuis le déconfinement, des cours à domicile ou en extérieur
Afin de maintenir un lien avec leurs abonnés, les salles de sport s'adaptent. Depuis le 11 mai, Sandra Méritet propose des cours à domicile. "Je sors masquée. J'emmène mon gel. Je me rends chez les clientes qui le souhaitent pour un cours adapté à leur demande", détaille-t-elle.
Elle a aussi organisé quelques cours sur le parking de sa salle de sport. Depuis le début du déconfinement, en effet les salles de sports peuvent organiser des cours en plein air, à condition de respecter des règles strictes pour espacer les sportifs. La salle Crossfit viking spirit a aussi pu reprendre les cours de crossfit midi et soir. Cependant les machines de musculation et autres tapis de course restent pour le moment fermés au public.
On se sent un peu les oubliés.
"Les bars et les restaurants aussi sont dans une situation compliquée, mais au moins, eux, ils ont des informations", se désole Sandra Méritet.
Les gérants des salles de sport guérétoises voudraient pouvoir rouvrir début juin. Ils espèrent que le Gouvernement ne tardera plus à communiquer sur la date mais aussi sur les mesures sanitaires à mettre en place dans leurs structures.
A Guéret, les gérants de salles de sports indépendantes ont un autre motif d'inquiétude. Deux nouvelles salles de sport, vont ouvrir prochainement en ville. Il s'agit de grosses franchises: les marques Basic Fit et Elancia. La première doit s'installer d'ici quelques semaines dans les locaux de l'ancien magasin Gifi. La deuxième ouvrira sans doute autour de septembre, dans la zone Pop'A.
La crise sanitaire : une nuit sans fin pour les discothèques?
Les discothèques ne savent pas non plus quand elles pourront rouvrir. Ces dernières temps, quand Martial Philippon pénètre dans sa boite de nuit à Aubusson, il se sent comme un fantôme. La piste du X est désespérément vide : "Depuis deux mois, on n'a aucune rentrée d'argent. On a seulement eu une aide de l'Etat de 1500 euros, mais on a des frais fixes: des assurances, le loyer, des prêts, l'électricité et même les alarmes. On ne va pas tenir longtemps comme ça", s'inquiète-t-il.
Les gérants de discothèques sont inquiets car les mesures sanitaires pour lutter contre le covid-19 seront particulièrement difficiles à faire respecter dans leurs établissements. "Porter un masque pour danser, ne pas se toucher, c'est presque contraire à l'ambiance que recherchent les gens dans une boite de nuit", reconnait Martial Philippon. L'inquiétude grandit parmi les gérants de discothèques. Certains craignent de ne pas pouvoir rouvrir avant plusieurs mois.
Martial Philippon aimerait que le Gouvernement clarifie les choses lors des prochaines allocutions : "Ce qu'on voudrait ce sont des dates et des règles : un cahier des charge. Aujourd'hui, on n'a rien et personne ne parle de nous".
On ne veut pas mettre les gens en danger mais on ne veut pas non plus mettre nos entreprises en danger
Les syndicats des gérants de discothèque mènent actuellement un combat pour réclamer la prise en charge de leurs loyers par les assurances.
Sans ce genre de coup de pouce, beaucoup risquent de fermer définitivement leurs portes. En effet le monde de la nuit vivait déjà une période compliquée avant le confinement, d'après Martial Philippon : "il y a une vingtaine d'années en Creuse, il y avait 20 boites de nuit. Aujourd'hui on n'est plus que trois" lâche-t-il.
A La Souterraine, la discothèque le Loft a d'ailleurs lancé une pétition pour inciter les habitués à montrer leur soutien au monde de la nuit.