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Assassinat de Samuel Paty : un prix de l'initiative laïque pour un professeur d'Alès et ses collégiens
Gilles Roumieux, professeur de collège à Alès (Gard) et ses élèves, reçoivent ce vendredi à Blois, presqu'un an après l'assassinat de Samuel Paty, le prix de l'initiative laïque, après la rédaction d'une brochure "Touche pas à mon professeur".

Presqu'un an après l'assassinat de Samuel Paty, les élèves de deux classes du Collège Racine à Alès reçoivent ce vendredi le prix de l'initiative laïque à Blois, après la rédaction d'une brochure "Touche pas à mon professeur". Un projet lancé par Gilles Roumieux, lui aussi professeur d'histoire-géo comme Samuel Paty. "C'est plus qu'une fierté. C'est davantage une reconnaissance et une écoute de la parole des élèves qui me tient beaucoup à cœur", confie le professeur sur France Bleu Gard Lozère.
"Ce qu'ils ont écrit, c'est en tous points remarquable, assure Gilles Roumieux. Et surtout, ça représente ce que nous sommes profondément. Je vais aller chercher ce prix et je vais porter en même temps la voix de mes élèves que je remercie infiniment pour les paroles exquises qu'ils ont pu écrire, et le soutien qu'ils ont apporté à la famille de Samuel Paty ; et surtout la défense de la République, de ses valeurs et aussi de l'Éducation. "
"Cette brochure dit que la loi, elle sera toujours au dessus de la foi. Elle dit aussi que chacun doit être respecté et considéré pour ce qu'il est. Quel que soit ce qu'il est, quelles que soient ses différences et que, justement, ce respect de la différence permet la fraternité. Et surtout, ça permet de nous élever tous ensemble et construire une société fraternelle." - Gilles Roumieux
On a entendu certaines de vos élèves ce matin, deux jeunes filles, qui, elles, ont participé à la rédaction de cette brochure. On a senti que c'était vraiment aussi important pour elles de s'exprimer. Vous l'avez dit, c'était ça surtout l'essentiel du message que vous vouliez faire passer ?
C'est ma 32e rentrée. Cela fait 32 ans que je suis enseignant. L'important, ce sont les élèves, évidemment, nous ne sommes que des courroies de transmission. Et moi, ce que je voulais dans cet événement tragique, pour les élèves qui sont en contact quotidiennement avec leurs professeurs, je voulais leur donner la parole. Ce n'est pas un débat d'adultes, simplement. Et les élèves ont réagi magnifiquement et entre nous il y avait une communion, une osmose. Et je trouve que c'est ça la République. Quel que soit ce que l'on est, où l'on se situe, et l'âge que nous avons, on est traversé par des valeurs communes et c'est ça qui nous réunit.
L'important, c'est donc de donner la parole à ces jeunes, donner la parole aussi aux professeurs. Est-ce qu'aujourd'hui, quand on est au collège, qu'on soit élèves ou professeurs, on a peur de parler de certains sujets ?
Moi, personnellement, dans le collège où je me trouve, je n'ai pas peur de parler et j'ai jamais eu peur. Ce n'est pas par forfanterie que je dis ça. Je n'ai pas peur, je sais ce que je risque. Je suis conscient de ce que je risque. Je pars d'un principe qui est très simple, c'est que quand vous êtes attaqué sur ce que vous êtes, nos valeurs, le socle de la République sur lesquels nos valeurs reposent, je crois qu'il faut faire preuve de courage, de dignité. Il faut faire preuve d'exemplarité. C'est à ce prix que notre République pourra s'élever et surtout reconquérir ceux qui ont perdu.
Le ministère de l'Éducation nationale souhaite qu'un hommage soit rendu à Samuel Paty dans tous les établissements scolaires le 15 octobre. Vous, vous en pensez quoi ?
Ce que j'en pense, c'est qu'au travers du projet que j'ai mené durant cette année au niveau de la hiérarchie institutionnelle, des strates de la hiérarchie, à l'exception de ma principale de collège qui a eu un comportement exemplaire, je suis resté bien seul avec moi-même et avec mes élèves. Sous les feux de l'actualité, sous le feu du premier anniversaire, on place un hommage national, je ne peux pas dire que c'est une mauvaise chose, mais je crois que le travail, il est sur le terrain, il est au quotidien. Et au quotidien on demanderait davantage à notre ministre qu'il soit près de nous, qu'il nous sous soutienne et qu'il nous porte comme j'ai pu porter, et que je porte encore la voix de mes élèves.
6.000 exemplaires de votre brochure ont été vendus. Cet argent, il va servir à quoi ?
Cet argent va servir déjà à visiter et financer un voyage pour visiter l'Assemblée nationale que nous allons effectuer le mardi 12 octobre. Nous allons être reçus. Nous allons avoir une reconnaissance par le président de l'Assemblée nationale, ce qui est une fierté pour mes élèves.
Ensuite, une partie va être reversée à la Ligue des droits de l'homme. Et puis, une autre au foyer socio éducatif du Collège Racine pour financer des projets citoyens. Et je suis sur un nouveau projet : je voudrais réaliser avec des élèves un jeu de cartes des sept familles qui s'appellerait "Touche pas à mon professeur". Il mettrait en lumière le rôle du pédagogue, du professeur de l'éducation, qui, en interaction avec ses élèves, permet de construire des citoyens éclairés, responsables, et le tout dans l'écrin de la République.
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