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Sécurité à Grenoble : "nous avons besoin d'une vraie doctrine" selon l'avocat Hervé Gerbi

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Maître Hervé Gerbi était notre invité sur France Bleu Isère ce lundi matin. Il réagit après les résultats d'un sondage ViaVoice qu'il a lui-même financé sur la sécurité des Grenoblois. L'étude révèle que 79% des habitants de la capitale des Alpes estiment que la sécurité est un enjeu prioritaire.

Vous rendez public un sondage que vous avez vous-même commandé et financé sur la perception et le vécu des habitants de Grenoble sur le sujet de la sécurité, un sondage réalisé par ViaVoice. Pourquoi avez-vous commandé cette étude ? Êtes-vous bien dans le rôle d'un avocat ? 

Maître Hervé Gerbi : Je suis dans le rôle d'un citoyen, j'habite Grenoble, j'y ai mon activité économique, j'y investis et je suis pleinement dans mon rôle d'avocat spécialisé dans l'aide aux victimes. Nous recevons chaque année environ 300 grenoblois que nous accompagnons donc nous savons de quoi nous parlons.  

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Combien avez-vous dépensé pour ce sondage ? 

Pour qu'un sondage soit efficace, il faut une large population. 1008 personnes ont été interrogées et j'ai dépensé 15.000 euros. Ayant un cabinet spécialisé dans cette question et compte tenu des enjeux pour notre ville, cela en vaut la peine.  

Vous dites que vous n'avez pas d'intentions politiques mais ce sondage a été réalisé juste après la polémique dans le quartier Mistral autour de la diffusion d'un clip de rap montrant des dealers armés et au moment du bras de fer entre le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et le maire de Grenoble, Eric Piolle. Ce contexte n'était-il pas propice à favoriser le sentiment d'insécurité ? 

Un sondage est une photographie à un instant T, si nous le refaisons dans un an, la photographie ne sera peut-être pas la même. Nous avons connu cette période difficile avec cette passe d'arme entre le maire et le ministre et les meilleurs arbitres dans ces cas-là sont les grenoblois. Il était important selon moi de savoir ce que les habitants pensent et vivent.  

Vous rendez ce sondage public ce lundi 21 septembre, jour de la rencontre entre Gérald Darmanin et Eric Piolle place Beauvau. Est-ce un hasard ?  

Ce n'est pas un hasard car ce sondage doit être dans le débat. Il comporte des éléments qui peuvent être intéressants pour le Premier ministre et la politique du maire de Grenoble. Nous avons besoin d'une vraie doctrine en matière de sécurité à Grenoble. D'après le sondage, pour 79% des grenoblois, la sécurité est un enjeu prioritaire donc c'est bien qu'il y a une forte demande de lisibilité sur cette question.  

Ce sondage révèle un fort sentiment d'insécurité bien plus important chez les femmes et les ouvriers que chez les hommes et les cadres. Comment expliquez-vous cette différence ? 

La question de l'habitat rentre en jeu ainsi que la perception de la sécurité et la relativisation du vécu. 

Le garde des sceaux, Éric Dupond-Moretti dit que l'insécurité est un fantasme nourri par les difficultés économiques et les médias d'information en continu. Qu'en pensez-vous ? 

Lorsqu'on se base uniquement sur les statistiques de la police, nous savons que nous sommes bien en-dessous de la réalité. Vous n'allez pas déposé plainte quand vous êtes injurié, menacé ou bousculé. Avec cette étude, nous parlons du vécu et il est important car il conditionne notre relation la l'autre, l'agressivité que nous pouvons avoir les uns envers les autres et le bien-vivre ensemble.  

Vous soulevez les thèmes de la police municipale, ses effectifs et son armement ainsi que la question des caméras de vidéosurveillance. Ce sont des sujets qui seront abordés dans la rencontre entre Gérald Darmanin et Eric Piolle. 

Des consensus se dégagent de ce sondage, notamment sur la vidéo protection. Sur la question de l'armement, les grenoblois ne sont qu'un tiers a souhaité que la police soit lourdement armée. C'est une donnée intéressante qu'il faut savoir exploiter. Cela veut dire qu'il faut conduire une vraie politique en matière de sécurité qui prennent aussi en compte cette volonté d'avoir des relations pacifiées et d'avoir une police de proximité.  

Ce sondage ne va-t-il pas alimenter le sentiment d'insécurité ? 

Le sentiment est déjà là, nous attendons maintenant des actes qui vont permettre justement de le réduire.

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