Les archives de Bordeaux Métropole collectent vos souvenirs du confinement : "Tout a de la valeur"
Le confinement débutait en France le 17 mars, il y a six mois. Vous avez peut-être gardé des attestations de sortie, des vidéos, des photos, des dessins... Ces souvenirs créent l'histoire. C'est pourquoi les archives de Bordeaux Métropole ont lancé la collecte #mémoiredeconfinement.
Il y a six mois jour pour jour, le 17 mars, le confinement débutait dans l'hexagone. Six mois plus tard, que reste-t-il de cette période dans notre mémoire collective ? Une mémoire orale déjà, mais aussi de nombreux souvenirs concrets : des attestations de sorties, des vidéos envoyés à un proche pour son anniversaire confiné, des captures d'écran d'apéros en visio, des emails en télétravail, des dessins et toutes productions possibles à faire faire à vos enfants pour les occuper... Depuis le déconfinement, les archives de Bordeaux Métropole ont lancé une collecte intitulée #mémoiredeconfinement pour garder une trace de ces moments intimes, parties intégrantes de l'histoire. Le responsable du service au public des archives, Jean-Cyril Lopez, nous explique l'importance de cette démarche.
Découvrez les premières donations de la collecte #mémoiredeconfinement à Bordeaux
France Bleu Gironde : Quelle est l'idée de cette collecte ?
Jean-Cyril Lopez : C'est vraiment de s'adresser aux habitants, à leur intimité. On sait bien que, confinés, on a plus ou moins tous réalisé des productions, de dessins ou de textes par exemple. Donc l'idée de collecter cette mémoire du confinement vu de l'intérieur nous permet d'avoir cette approche complémentaire à ce que nous pouvons déjà trouver dans les médias et dans les archives publiques de nos administrations, qui n'ont pas manqué de publier des protocoles, des directives, etc.
Cela fait deux mois et demi que vous avez démarré cette collecte. Où en êtes-vous ?
Aujourd'hui, nous avons reçu 41 pièces différentes. Beaucoup de textes bien entendu mais également des photos, des dessins, des chansons, des vidéos, le tout réalisé pendant ces deux mois de confinement. Par exemple un journal de bord tenu par une dame qui écrit jour après jour son ressenti et puis les événements de sa vie de famille, les nouvelles qu'elle apprend. On a aussi reçu une collection d'attestations d'autorisation de sortie, je pense qu'on s'est tous confrontés à cet exercice là. L'idée de cette collecte, c'est bien que les gens comprennent que tout, à nos yeux, a de la valeur.
Vous avez peur que les gens se censurent ? Qu'ils se disent que ce qu'ils ont accumulé pendant cette période n'a pas d'importance ou que c'est trop intime ?
C'est justement cette diversité qui permet de comprendre au mieux ces journées entières de confinement. C'est le travail de l'archiviste de concevoir la mémoire de demain et de penser à la trace que nous souhaitons laisser à disposition des chercheurs. Des historiens, des sociologues qui, dans 30, 50 ans ou même avant, vont se poser ces questions-là : comment a-t-on vécu ces événements de l'intérieur.
Ça c'est pour le travail de l'archiviste, mais y aura-t-il une valorisation prévue auprès du grand public ?
Oui, nous avons un événement prévu avec la bibliothèque de Bordeaux le 20 octobre si la situation sanitaire le permet. Des artistes circassiens vont mettre en voix des extraits de la collecte, avec une chorégraphie, et une projection d'images aussi. Dans un futur un peu plus lointain, il y aura vraisemblablement une exposition numérique, virtuelle, de cette collecte sur notre site pour faire partager et découvrir toutes ces productions qui, pour certaines, sont vraiment des pépites.
Comment participer
La collecte est toujours ouverte. Si vous souhaitez faire un don, il faut habiter Bordeaux métropole (les archives peuvent aussi accepter quelques dons de Girondins en dehors de la métropole). Il est possible de les envoyer par email (service.mediation.archives@bordeaux-metropole.fr), par la Poste (Archives Bordeaux Métropole, Opération Mémoire de Confinement, Parvis des archives 33100 Bordeaux) ou de venir les déposer en main propres. Une lettre d'intention vous sera ensuite envoyée pour préciser les conditions de ce don (si vous autorisez la reproduction non commerciale totale ou partielle, si vous souhaitez garder l'anonymat, etc.).