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Témoignage : Mathieu, gilet jaune creusois parti manifester à Paris

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Il était sur les Champs-Élysées, ce samedi 24 novembre, aux côtés de milliers d'autres gilets jaunes venus de partout en France. Mathieu a connu le rassemblement de l'intérieur, y a participé, a vu les tensions et les violences des deux côtés. Il raconte sa version des faits.

Pour Mathieu, gilet jaune creusois, il était important d'aller "manifester ses idées" jusqu'à Paris, ce samedi 24 novembre. Pour Mathieu, gilet jaune creusois, il était important d'aller "manifester ses idées" jusqu'à Paris, ce samedi 24 novembre.
Pour Mathieu, gilet jaune creusois, il était important d'aller "manifester ses idées" jusqu'à Paris, ce samedi 24 novembre. © Radio France - Simon de Faucompret

Mathieu est de retour sur le rond-point de l'Europe à Guéret, toujours occupé par quelques dizaines de gilets jaunes creusois, ce dimanche 25 novembre. 

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Il a quitté la ville la veille, dès 2h du matin, en compagnie d'une petite trentaine d'autres gilets jaunes creusois. Direction Paris, pour une manifestation sur les Champs-Élysées. Des actions teintées de violences qui ont donné lieu à 101 interpellations dans la capitale, sur toute la journée du samedi 24 novembre.

"Tout se passait bien, jusqu'à ce qu'on demande la démission de M. Macron."

Mathieu a co-organisé le déplacement. "J'ai voulu défendre nos droits, tout ce que l'État est en train de nous enlever", affirme-t-il. "On est parti à Paris avec des intentions pacifistes. On a été parqué très vite, avec l'interdiction d'accéder aux Champs-Élysées." Sur l'avenue parisienne, environ 5 000 gilets jaunes ont été dénombrés au cours de la journée selon le ministère de l'Intérieur. On est d'ailleurs loin du compte, selon les Creusois qui y étaient : ils parlent plutôt d'au moins 300 000 manifestants

"Au début, tout se passait bien, jusqu'à ce qu'on demande la démission de M. Macron." C'est à ce moment, selon lui, que les premières sommations des forces de l'ordre surviennent.

Des violences des deux côtés

Très vite, Mathieu voit voler les premiers gaz lacrymogènes. "J'étais vraiment en première ligne", précise-t-il, lui qui est resté de 9h à 19h sur les Champs-Élysées. "J'ai vu des gaz, des fumées, des bombes dispersantes lancées sans arrêt."

Tous les gilets jaunes creusois n'ont pas réagi de la même manière, selon lui : "Certains sont restés à l’écart, des femmes ou des personnes plus âgées qui ne voulaient pas trop être en première ligne. Au bout d'un moment, on s’est tous un peu perdu, on était par groupe de deux ou trois, avec des talkie-walkies pour rester en contact."

Lui l'admet : "J'étais généralement dans les premiers. Ça chargeait de tous les côtés, aussi du côté des gilets jaunes !" Résultat, plusieurs blessés légers, dont lui-même. "J’ai pris un coup de matraque dans la jambe. Quand ils envoyaient les fumigènes, on tentait de leur renvoyer : j’étais mains nues, je me suis brûlé. La voix cassée à force de respirer des trucs, parce qu’on n'avait pas de masques."

"J'ai vu des enfants, des personnes âgées, des familles dans le mouvement."

Il ajoute : "Les blessures, c’est arrivé dans les mouvements de foule. Ça tape, sans discrimination, sur une femme, un enfant, un homme. Ça ne cherche pas à comprendre." Il a pu observer des casseurs s'infiltrer dans la foule, mais refuse qu'on réduise son groupe à cette image : "J’ai vu des enfants, des personnes âgées, des familles dans le mouvement. Qui ne comprennent pas ce qui se passe. Ce n'était pas un parti politique ou un syndicat, c'est le peuple. Et on ne l'écoute pas."

Paris de nouveau en ligne de mire

Maintenant qu'il est revenu au bercail, Mathieu entend reprendre les mobilisations en Creuse, "au moins jusqu'à samedi prochain" (le 1er décembre, NDLR).  Avec quelques changements : "On va arrêter d'emmerder [sic] les citoyens. Beaucoup travaillent, beaucoup ont besoin d'argent", glisse-t-il. "Par contre, on va se focaliser sur les camions et continuer de les renvoyer sur la RN 145."

Quant à Paris : "Beaucoup de monde veut déjà y retourner. Les gens veulent bouger." Et d'après lui, si de nouveaux déplacements sont prévus, les effectifs seront plus grands : "Il y a eu beaucoup d'images, pas uniquement à la télé, mais aussi partagées en direct ou sur les réseaux. Je pense que ça va faire réagir les gens."

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