Violences conjugales : "Je ne veux pas être la prochaine femme tuée en France", témoigne une Orléanaise
Sophie a 36 ans. Cette Orléanaise est séparée depuis cinq ans de son mari violent. Mais aujourd'hui, encore, elle vit la peur au ventre. Elle espère que des mesures concrètes seront mises en place après le Grenelle des Violences Conjugales qui va rendre ses premières propositions ce lundi.

Vous ne verrez ni son visage, ni le lieu où elle vit. Sophie (qui a changé son prénom) fait tout pour rester discrète et éviter que son ex-mari ne la retrouve. Et pourtant, il y a 2 semaines, elle a contacté France Bleu Orléans après avoir vu un article sur notre page Facebook concernant un rassemblement contre les féminicides.
" J'aurais bien voulu y participer. Car, moi aussi je fais partie de ces femmes battues ou menacées. Je vois beaucoup d'articles en ce moment sur le sujet et finalement, je me rends compte que pour toutes les victimes, c'est la même chose. Il faut un drame pour que ça avance." Et Sophie ajoute : "Moi aussi, j'ai peur .Je ne veux pas être la prochaine femme tuée en France."
Il a dit qu'il voulait m'égorger
Il y a cinq ans, Sophie a quitté son mari violent et demandé le divorce. Mais, pour elle, " la menace est toujours là". Durant les années qui ont suivi la séparation, il a continué à la harceler et même à la suivre dans la rue. " Ma dernière plainte remonte à deux ans. Il a dit qu'il voulait m'égorger et éclater ma tête contre un mur. Il a dit aussi qu'il voulait s'en prendre à mes filles. Mais, je ne sais même pas si mes plaintes ont été traitées ou classées sans suite. En tous cas, aujourd'hui, je n'ai pas de nouvelles."
Sophie explique qu'elle a dû déménager et changer de quartier après un incident survenu à l'école. Le mari a tenté de voir ses 2 filles, dont il n'a pas la garde et il s'en est pris verbalement aux enseignantes. "Il s'en est tiré avec un rappel à la loi" déplore Sophie, " depuis, il se sent tout puissant et ça me fait encore plus peur".
Elle souhaiterait que son ex mari soit équipé d'un bracelet anti-rapprochement
Pour Sophie, c'est important que les pouvoirs publics et le gouvernement parlent des violences conjugales. " Mais, ça ne va pas encore assez vite" dit-elle " notamment pour des femmes comme moi qui n'ont pas été officiellement reconnues comme victimes". Sophie espère que les bracelets anti-rapprochement pourront réellement se mettre en place y compris en prévention, sans forcément attendre une décision de justice.
Aujourd'hui, la jeune mère de famille tente d'avoir une vie normale : " Je sors avec mes filles, on fait des activités mais je suis tout le temps sur mes gardes. D'ailleurs, j'ai toujours une bombe lacrymogène avec moi, au cas où".