Tiers payant : les opticiens nancéiens agacés par les couacs à répétition
Depuis l'entrée en application de la réforme "100% santé" début janvier, les "bugs" se multiplient sur les plateformes utilisées par les opticiens et les dentistes. Résultat : certains professionnels nancéiens ont bien du mal à assurer le tiers payant auquel leurs clients ont droit.
C'est le grand flou chez les opticiens depuis l'entrée en application de la réforme "100% santé" début janvier. La réforme prévoit notamment le remboursement total de certaines prothèses dentaires et de montures de lunettes; des mesures portées avec fierté par le gouvernement. Et bien depuis la mise en oeuvre de cette réforme, ça coince souvent côté informatique chez les dentistes et opticiens. Le tiers payant, qui vous permet de ne pas avancer vos frais de santé, a du mal à être assuré. Les délais de réponse des mutuelles, auxquelles les professionnels de santé adressent des dossiers, sont très longs.
"On se transforme en secrétaires"
La conséquence de ces couacs informatiques, c'est que le clients se retrouvent parfois obligés d'avancer leurs frais de santé, avant de se faire rembourser. "On essaie de trouver des solutions intermédiaires, c'est-à-dire ne pas pratiquer le tiers payant, avec des possibilités de décaler l'encaissement d'un chèque, de manière à ce que le client ait le plus rapidement son équipement" explique Olivier Képi, opticien à Nancy, qui reconnaît toutefois qu'il n'est pas toujours facile d'expliquer à un client que sa demande est bloquée.
Le tiers payant, c'est quelque chose qui est obligatoire. Les gens y tiennent.
Autre conséquences de ces bugs, pour les opticiens cette fois : les démarches administratives se multiplient. Sous le bureau de Corinne Trutat, opticienne à Nancy, les commandes de certains de ses clients s'empilent. Tous les jours elle tente à nouveau d'envoyer les demandes de remboursement aux mutuelles concernées via une plateforme. Parfois sans succès. "Vous voyez, ça c'est le cas typique : ça me dit 'refus technique'. J'ai pratiquement deux pages complètes de dossiers en attente" commente la gérante, qui scrute une liste de demandes sur son ordinateur portable. "Ça n'est pas péjoratif, mais en fait cela fait un mois que l'on fait du secrétariat. On répète tous les jours les mêmes demandes qui ne fonctionnent pas" soupire Corinne Trutat.
C'est franchement une catastrophe pour la profession. Je suis surprise que tout n'ait pas été anticipé
Après plus d'un mois de galère, les opticiens observent aujourd'hui moins de couacs, mais espèrent la disparition totale des bugs le plus rapidement possible. Des réunions pour tenter de régler ce qui ne va pas sont organisées en ce moment entre les syndicats d'opticiens , les mutuelles et les représentants de l'État.