Un collectif de 50 personnes accueille des Kurdes à Pertuis
À Pertuis, un collectif d'une cinquantaine de personnes accueille depuis l'hiver cinq frères et sœurs kurdes. Ces citoyens réunis par le Secours Catholique voulaient "passer à l'action" Ils invitent chacun à agir pour accueillir fraternellement les réfugiés.

Depuis plusieurs mois, Marie-Claire Falcone voulait dépasser les discours politiques et "passer à l'acte car tout ne doit pas forcément reposer sur l'État. L'État doit faire mieux et davantage mais les les citoyens doivent faire leur part". L'ex-magistrate a donc rassemblé un collectif de citoyens sous l'égide du Secours Catholique.
En novembre, une fratrie de cinq jeunes kurdes de 15 à 25 ans est arrivée à Pertuis dans le cadre d'un couloir humanitaire pour 500 personnes issues du conflit syrien réfugiées au Liban. Le diacre Alain Fournier confie qu'il aurait "souhaité une famille modèle papa-maman-enfants : j'ai fait part de ma crainte pour accueillir ces cinq frères et soeurs, la peur de se rater, de ne pas être à la hauteur".
"Seul on n'y arrive pas, mais un collectif de citoyens peut partager de la fraternité." François Maurel, promoteur immobilier
Le promoteur immobilier François Maurel a trouvé le premier logement. Il avait entendu l'appel du pape pour accueillir les réfugiés, mais il reconnait que "seul on n'y arrive pas. Nous, on connait un petit bout du problème comme la question du logement... mais les papiers administratifs, je ne sais pas faire. Même chose pour le la nourriture, les Restos du Coeur". Mais François Maurel insiste sur la nécessité pour les collectifs de citoyens de "se retrousser les manches: c'est compliqué mais chacun peut partager de la fraternité avec les réfugiés".
François Maurel "Seul, on y arrive pas"
Développer sa capacité de résilience à Pertuis pour trouver sa place en France
Le promoteur se satisfait du retour à la sérénité des jeunes kurdes : "Avant, ils avaient peur de presque tout. Désormais, ils sont sereins". La référente pour la scolarité de trois jeunes kurdes au collège et au lycée revient d'une réunion au collège : "Les professeurs ont vu la plus jeune s'épanouir et commencer à aller vers les autres élèves. Elle commence à parler et écrire en français mais il y a des problèmes d'emploi du temps, de lever à l'heure... Elle sera en troisième au collège de Pertuis l'année prochaine". Anne-Marie Broquet souligne que les jeunes Syriens développent leur "capacité de résilience. On sent qu'ils sont prêts à se projeter dans l'avenir et trouver leur place en France".
Patricia Michel a aussi rejoint le collectif : "J'ai pas réfléchi. C'est un cœur de maman qui a parlé pour être au service des jeunes. Mustapha nous a dit : "Vous êtes un peu nos mamans". Ça nous a fait chaud au cœur". Mais toute la population de Pertuis n’intègre pas les jeunes Kurdes, regrette Patricia Michel : "Ils nous demandent pourquoi vous faites ça? Ils ont peur pour nous. Ils ont tort. Il faut aller vers l'autre."
Une cinquantaine de donateurs soutiennent le collectif et offrent entre 5 à 100 euros par mois pendant un an. Marie-Claire Falcone insiste pour "laisser le temps faire son oeuvre pour qu'eux même se projettent en France. Ce sont des adultes. Il n'est pas question qu'on leur impose une orientation ou un emploi. Il faut respecter leur libre arbitre".
Marie Claire Falcone "il faut leur laisser le temps de se projeter en France"
