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Un instituteur messin écrit à Emmanuel Macron pour empêcher l'expulsion d'une de ses élèves
Hervé Villeval a décidé de prendre sa plume et d'écrire au président de la République, pour essayer de trouver une réponse à cette situation qui le bouleverse.

Hervé Villeval est très ému. Début décembre, il a appris qu'une de ses élèves de CM2, une jeune Kosovare de 10 ans, était menacée d'expulsion. Cet instituteur messin travaille dans une école où une vingtaine d'enfants allophones (des enfants vivant en France, et ayant pour première langue une autre langue que le français) sont actuellement scolarisés. Des élèves comme les autres, qui apprennent, jouent et grandissent comme n'importe quels autres enfants.
Sauf lorsqu'un drame tel que celui-ci s'installe dans les salles de classe. "A la rentrée, si ça se trouve, il y aura une place vide dans ma classe. Et je ne sais pas comment expliquer cela aux autres", raconte Hervé Villeval. Il a donc décidé de prendre sa plume, et d'en appeler directement à Emmanuel Macron.
"Je me demande ce qu'elle va devenir"
Une situation que cet instituteur de 25 années d'expérience juge insupportable. "Cette petite gamine, cela fait cinq ans qu'elle est en France. Et elle a répondu à toutes les exigences qu'on lui demandait__", décrit Hervé Villeval. "C'est-à-dire qu'elle a appris le français, elle parle super bien français, c'est devenu une bonne élève, elle s'est intégrée d'une façon admirable au sein de l'école. Et ce qui m'a vraiment bouleversé, c'est qu'à un moment cette gamine est venue me voir, elle est tombée en pleurs et elle m'a dit 'Maître, j'ai peur'." Le professeur s'est tout à coup senti démuni.
On n'est plus à la télé, on n'est plus dans les chiffres et les statistiques, on est dans la réalité. Et ces politiques un peu froides, elles ont des répercussions, et notamment dans mon école." – Hervé Villeval, professeur messin
"Comme j'avais téléphoné à toutes les associations qui m'avaient dit qu'il n'y avait rien à faire, je me suis retrouvé comme un con", dit-il sans honte. "La seule chose que je lui ai dit c'est 'Je ne veux pas que tu partes'. Et je me suis retrouvé comme un con en me disant 'Mais tu n'as rien d'autre à lui dire ? Tu ne peux absolument rien ?' Et je me pose la question de savoir ce qu'elle va devenir, ce qui va se passer."
"Dans ma classe, le mot 'expulsion' n'existe pas"
Hervé Villeval aimerait faire prendre conscience que des enfants, des familles, des vies se cachent derrière ces expulsions. "On n'est plus à la télé, on n'est plus dans les chiffres et les statistiques, on est dans la réalité. Et ces politiques un peu froides, elles ont des répercussions, et notamment dans mon école."
D'autant que cela ne colle pas avec le message que cet instituteur veut faire passer à ses élèves. "__Dans ma classe, il n'y a pas de nationalité, il n'y a pas de frontière. Il y a des élèves d'origines différentes, de cultures différentes, et pour moi c'est une force, c'est un enrichissement incroyable. Et dans ma classe, il n'y a pas d'expulsion, ce mot-là n'existe pas", explique-t-il avec émotion.
Cette gamine est venue me voir, elle est tombée en pleurs et elle m'a dit 'Maître, j'ai peur'." – Hervé Villeval, professeur messin
"On a tissé des liens avec les élèves, on se connaît, ce n'est pas juste une procédure, c'est une histoire humaine qui est derrière et qui me bouleverse__, parce que je ne sais pas quoi répondre à cette gamine-là, je ne sais pas quoi lui dire pour la réconforter, et je sais qu'un jour ou l'autre, elle va être expulsée, sans savoir où elle va atterrir. En tant qu'être humain, ça me bouleverse", raconte Hervé Villeval. "C'est pour ça que j'ai décidé d'écrire à Emmanuel Macron, pour lui dire 'Venez m'aider, je ne sais plus quoi faire, expliquez-moi ce que je dois faire, dites-moi, en tant que fonctionnaire de l'Etat, en tant qu'instituteur, comment je réagis face à des choses comme ça'."
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