Contre le massacre des poussins, une étudiante de Limoges rédige une loi
Le travail de Pauline Joubert a été récompensé, en avril, par la fondation 30 Millions d'amis. Cette jeune femme a écrit une proposition de loi contre "la mise à mort de poussins mâles par l'industrie avicole". Jugés inutiles, 50 millions de poussins seraient tués chaque année en France.

Tout juste diplômée en droit animalier à l'université de Limoges, Pauline Joubert s'est déjà distinguée. Cette jeune habitante d'Aixe-sur-Vienne (Haute-Vienne) vient de recevoir le prix Jules-Michelet de la fondation 30 millions d'amis, pour récompenser son travail sur la condition des poussins élevés en milieu industriel. Cette étudiante de 24 ans a rédigé une proposition de loi visant à interdire l'extermination des poussins mâles, considérés comme étant inutiles puisqu'ils ne pondent pas.
Des pratiques "légales d'un ancien temps"
À peine sortis de leur coquilles, dans les couvoirs industriels, les poussins mâles sont en fait très vite considérés comme des déchets. Broyés vivants ou gazés, 50 millions d'entre eux seraient ainsi tués chaque année en France, d'après Pauline Joubert. "De nombreuses personnes pensent que les poussins mâles sont destinés à devenir des poulets de chair, écoulés plus tard pour leur viande, sauf que ce n'est le cas du tout, raconte l'étudiante en droit, les poussins mâles issus des poules pondeuses sont, dès leur éclosion, triés, mis à part des femelles, et sont envoyés soit à la broyeuse, soit au gazage. C'est totalement légal, mais ce sont des pratiques d'un ancien temps qu'il faut changer absolument et le plus vite possible".
Dans sa proposition de loi, la jeune Haut-Viennoise demande d'interdire ces méthodes. Elle suggère une alternative : le sexage avant l'éclosion. "Je ne propose pas seulement l'interdiction, je propose également une alternative : la spectrométrie. Cela permettrait de regarder, à l'intérieur de l’œuf, si l'embryon est un embryon femelle ou mâle, pour éliminer l’œuf avant l'éclosion", détaille Pauline Joubert.

Un texte de loi repris par les députés ?
En 2015 déjà, un groupe de parlementaires avait interpellé le gouvernement à ce sujet. Sans suite. La fondation 30 millions d'amis souhaite que les députés reprennent le travail de Pauline Joubert. "La proposition de Pauline Joubert pourrait directement être reprise par les parlementaires et être quasiment votée telle qu'elle pour un application dans les meilleurs délais, en tout cas avant la fin de la mandature actuelle", explique Jean-François Legueulle, délégué général de la fondation. Pour ce prix, Pauline Joubert a reçu un chèque de 1.000 euros qu'elle a décidé de reverser à une association de protection des animaux.